Ils préfèrent généralement voyager à l’étranger. Ils sont finalement restés en France cet été.
Il n’aura échappé à personne que cet été, nous l’avons passé essentiellement en France. Mais ce ne fut pas un choix pour tout le monde. Bon gré mal gré, les voyageurs adeptes des destinations lointaines se sont rabattus sur la Bretagne, la Provence ou la Corse. J’avais très envie d’aller à leur rencontre, qu’ils nous racontent leur été, leur joie, leur déception éventuelle…
Entendons-nous bien, il y a pire selon moi, que de devoir passer ses vacances en France !
Vous le savez si vous lisez un peu mon blog, la France est mon terrain de jeu de prédilection et je ne m’en lasse pas. Mieux que ça, je me délecte de découvrir encore de nouveaux territoires. Mais ce n’est pas le choix de chacun et justement, mes invités nous diront pourquoi ils choisissent habituellement de passer leurs vacances estivales hors de nos frontières.
Je leur laisse la parole.
Ils.elles sont blogueurs.ses ou simples voyageurs.ses et ne sont pas langues de bois, vous verrez !
Suivre la Loire à pied, sur le GR3
Par Astrid, du blog Histoires de tongs.
En 2013, je me suis lancée dans la grande aventure qu’est la vie nomade et depuis, j’ai eu la chance de pouvoir vadrouiller à travers le monde, sur les cinq continents. Je voyage lentement, car je me déplace beaucoup en auto-stop, c’est pourquoi il m’a fallu plusieurs années pour découvrir notre belle planète, du moins en partie. Cependant, depuis quelque temps, il me tient à cœur de ralentir encore plus mon rythme de vie, et c’est de cette manière que l’itinérance à pied c’est peu à peu imposée à moi. Je suis en effet devenue au fil des années une grande adepte des longues randonnées, notamment sur les chemins de Compostelle, où j’ai vécu bon nombre des plus beaux moments de ma vie.
En 2020, j’avais pour projet de traverser l’Europe à pied, en suivant l’itinéraire historique de la Via Francigena (ou chemin de Rome), qui relie Canterbury en Angleterre, à la capitale italienne. Toutefois, à cause de la crise sanitaire liée au covid, j’ai dû modifier mes projets à la toute dernière minute, puisque mon départ devait s’effectuer le jour même du début du confinement ! Comme chacun d’entre nous, j’ai donc patiemment attendu que nous puissions ressortir, pour reprendre le cours de ma vie nomade. J’ai néanmoins fait le choix de rester en France jusqu’à la fin de l’année, la situation ne me semblant pas assez stable pour le moment.
C’est ainsi que cet été, je me suis retrouvée à randonner au bord de Loire sur le GR3. Ce cours d’eau majestueux m’a vue grandir depuis mon plus jeune âge, et le parcourir dans sa totalité a été un moment fort en émotion. Suivant les balises rouges et blanches du sentier, j’ai ainsi crapahuté sur environ 1100km, entre le Mont Gerbier-de-Jonc et Saint-Nazaire.
J’ai adoré avoir l’opportunité de (re)découvrir mon pays, en prenant mon temps.
D’autant plus que le fleuve royal a tellement à offrir ! Nature sauvage encore préservée, panoramas spectaculaires, châteaux et monuments historiques classés, gastronomie raffinée et variée (vins de Loire, fromages…) : une preuve de plus qu’il n’est nul besoin de partir loin pour vibrer !
Petit bémol cependant en ce qui concerne la forte affluence de cyclistes sur les berges du fleuve : il semblerait que la Loire à vélo soit quelque peu rattrapée par son succès, et j’ai parfois eu du mal à trouver où dormir. Fort heureusement, j’ai souvent bivouaqué, ce qui a suffit à régler le problème. Quoiqu’il en soit, je garderai un souvenir impérissable de cette aventure à pied, qui m’a permis de m’émerveiller face aux beautés de mon pays, tout en renouant avec mes racines.
Du Pérou à Paris …
Par Stéphane.
Nous devions partir en vacances au Pérou avec nos 2 grands garçons, 18 et 22 ans.
Cela devait être un très beau voyage, car peut-être le dernier tous les 4.
Nous avons pris l’habitude depuis plus de 10 ans de découvrir le monde avec eux, essentiellement l’Europe. Ce sont des expériences familiales extraordinaires, où tout n’est que nouveauté, langue, nourriture, culture… Nous essayons toujours de discuter avec les habitants, de connaître l’histoire de leur pays et de partager la nôtre.
Cela ne nous empêche pas de découvrir la France lors de nos week-ends ou plus petites vacances.
Durant le confinement, mon mari a dû prendre 3 semaines de congé. Nous avons donc eu une seule semaine, et on s’ est dit que ce serait une bonne idée de (re)découvrir Paris sans grand monde.
Nous sommes partis pendant la canicule. Nous en avons fait beaucoup moins, il faisait très chaud. Nous avons tout de même partagé des expériences (kayak sur le Cher lors d’un arrêt de 2 jours à l’aller, musée, balade…) sympas mais ce n’est absolument pas comparable à ce qu’aurait dû être notre été, d’autant que nous devions y retrouver des amis péruviens.
Ce n’est pas bien grave, nous allons tous bien, mais nous risquons de ne plus pouvoir faire ce voyage, surtout tous les 4 ensemble. Dommage mais heureusement, il y a beaucoup de choses à faire en France même si la période juillet/août est très fréquentée.
Et soyons honnêtes, les prix pratiqués en France sont bien souvent plus excessifs qu’à l’étranger. Et je maintiens, lorsque l’on entend parler français autour de nous, ça fait moins vacances ou dépaysement. Dans mon esprit du moins.
La Bretagne et le Lot par contrainte et « patriotisme »
Par Vincent du blog Vincent Voyage
Cet été, j’ai redécouvert la France, presque par contrainte.
J’avais l’habitude de voyager à l’étranger et plutôt loin pour plusieurs raisons.
La première est surtout le dépaysement, de prendre des claques, paysages ou culturelles. On a évidemment de très beaux paysages chez nous, mais je pense aux fjords de Norvège, aux grands parcs sud américains, aux aurores boréales. Culturellement, c’est aussi extrêmement intéressant d’aller voir ailleurs, de voir « comment sont les autres », l’histoire qui ressort de chaque pays, de chaque culture. Je suis intimement persuadé que c’est en regardant les autres qu’on devient plus tolérant et plus ouvert.
La seconde est de sortir de ma zone de confort. Galérer pour communiquer, pour les transports, pour trouver une puce internet au fin fond du pays, c’est peut-être du masochisme mais j’adore et ça fait partie du voyage.
Je voyage seul en général, et être seul à l’étranger dans des endroits peu touristiques, c’est très souvent l’objet de chouettes rencontres.
Une autre raison est le prix. Le premier réflexe quand on regarde un billet de train en France est de le comparer à un billet d’avion pour l’étranger. Idem pour les logements. Donc je me disais « bah, je peux aller plus loin pour moins cher, pourquoi me priver! »
Enfin, quand je pars c’est en général pour plusieurs semaines, voire plus d’un mois. C’est l’occasion d’aller loin.
Est-ce que je pourrais avoir toutes ces émotions, toutes ces claques en France ? Certaines oui, d’autres non. Je sais qu’on peut se faire plaisir en France.
Depuis cette année donc j’ai entrepris de redécouvrir la France. Je « réserve » la France maintenant pour les petits séjours, une semaine par ci, une semaine par là.
Je découvre ou redécouvre des endroits, dernièrement le nord de la Bretagne et le Lot, aussi par « patriotisme ». Avec cette situation sanitaire et économique, j’ai envie que mon argent aille chez nos acteurs du tourisme.
De manière générale j’essaie de consommer plus local et cela passe aussi par ces actions là.
Dans les points négatifs, j’aurais aimé que tout le monde joue le jeu. En haute saison, les logements ont vu leurs prix gonflés comme pas possible. Ok le tourisme a été très franco-français, mais voir cette hausse des prix, faite pour rattraper le manque à gagner des mois précédents, m’a rebuté et j’ai choisi certaines destinations sur ce critère.
Mais on a la chance d’avoir un super pays, varié, de beaux paysages, des montagnes, des iles magnifiques, énormément de villages trop mimi. Et les pays étrangers ne peuvent pas rivaliser sur le fromage. Rien que pour ça, ça mérite qu’on visite plus la France 🙂
Cap sur la Méditerranée !
Par Zouina du blog My Ring Travel
La France, l’été… Étrange concept pour moi !
Attention, j’aime la destination France, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais disons que l’été j’avais comme une envie d’ailleurs pour vivre une expérience singulière pleine d’exotisme.
Cette année, à l’approche de l’été, je devais clairement me réinventer pour faire de cette « aventure » sanitaire non pas une contrainte mais une opportunité pour ouvrir mes chakras et explorer de nouveaux horizons au cœur de l’hexagone. Il ne tenait donc qu’à moi de les croquer et d’en faire des souvenirs mémorables. Je gardais en tête mon habituelle envie de dépaysement et d’exotisme, celui là même qui me poussait hors de nos frontières. Cette fois, toutefois, j’avais conscience qu’il fallait que je me laisse surprendre.
Redécouvrir la France, notre France sous le soleil de l’été a été une surprise, un enchantement. Après cette période de confinement, je n’aspirais qu’à une chose, sentir les embruns me caresser la peau et la douce brulure du soleil me réchauffer les os. Pour cela donc direction plein sud, pour la station balnéaire de Bandol. Niché entre Marseille et Toulon, je n’avais pas choisi Bandol au hasard. Cette cité est un excellent point de départ pour explorer 2 des îles méditerranées les plus paradisiaques. De quoi assouvir mon besoin d’exotisme. J’ai été servi et cela bien au delà de mes espérances !
C’est surement les 51km de sentiers de randonnées sur 1 254 hectares qui ont fini par me convaincre de m’aventurer sur l’île de Porquerolles, la plus grande île du levant ! Quel bonheur d’arpenter les chemins du circuit du couchant pour profiter d’une palette de paysages, de couleurs et d’odeurs. La vraie force de cet itinéraire ? Sillonner l’ouest de cette île paradisiaque à travers ses villages, ses vignobles, ses champs d’oliviers, ses forets de chêne tout en ne perdant pas de vue les reflets couleur lagon de la mer méditerranée. L’occasion était trop belle pour me rafraichir dans les eaux turquoise d’une des nombreuses calanques qui ponctue mon parcours avant de reprendre mon chemin pour poursuivre l’exploration de l’île.
Après avoir pris l’air sur Porquerolles, je ne voulais pas m’arrêter là, et cette fois c’est prendre le large qui me titillais ! Pour admirer ce petit bout de paradis, qu’est l’île des Embiez, quoi de mieux que de changer de point de vue et d’embarquer à bord d’un kayak pour voguer sur les flots de cette mer qui regorge de trésors. Cette île préservée est surtout un régal pour la beauté de sa côté sauvage sculptée par la mer. Je ne suis pas déçu, sous mes yeux se dévoilent criques et calanques secrètes avec pour décor des paysages de garrigue, de pinède et de vignes. Coup de pagaie après coup de pagaie, je prends le temps de savourer le panorama spectaculaire de cet écrin naturel unique. Niché au creux des rochers, je choisi même d’élire domicile sur l’une d’entre elles pour enfiler mon costume de sirène et me délecter des eaux limpides et cristallines.
Quel souvenir je garderai de cet été 2020 ? Avec du recul, je me dis que j’étais bien ridicule d’avoir cet état d’esprit étriqué.
L’exotisme, le dépaysement, l’aventure est à porter de mains.
Il n’est nul besoin d’aller à l’autre bout de la planète pour le vivre. Finalement, iI n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Cet avant-gout au cœur du sud de la France, m’a donné envie de poursuivre et de continuer à remplir mon carnet de voyage.
Annecy et Saint Malo sont 2 autres étapes qui ont ponctués mon été en France. Je pourrais encore griffonner de nombreuses pages pour partager avec vous cet enchantement dont je vous parlais, plus haut. Pour vous mettre en appétit, je peux juste vous dire que nous vivons surement dans l’un des plus beaux pays du monde.
Pour finir et en toute confidence, cette pandémie m’interroge chaque jour qui passe sur ma définition du voyage. Elle m’oblige, dans le bon sens du terme, à repenser ma façon de bouger, d’explorer, de voyager… Mes prochaines aventures seront certainement propices à une réflexion de fond. Émettre moins de C02, protéger la faune, soutenir les populations locales, cultiver une forme de slow travel, il y a autant de piste à explorer que de voyage à vivre… Le défi est fascinant tout en sachant que je ne prétends pas tout révolutionner !
Mais je peux vous dire qu’aujourd’hui ma wishlist s’est étoffé de nouveau spot à découvrir, en France l’été prochain.
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Intéressant de lire ces points de vue, et en particulier retrouver plusieurs fois l’idée que cette recherche de dépaysement peut aussi être satisfaite dans notre hexagone !! ( Pour ma part, après cette lecture, j’ai envie d’embarquer direct pour randonner à Porquerolles 😀 )
Je comprends aussi cette question du coût, car c’est celle qui, pendant mes années étudiantes notamment, m’a poussée plus d’une fois à choisir l’étranger à la France pour les vacances… Ça m’interroge : les acteurs du tourisme en France abusent-ils vraiment sur les prix pour se faire de grosses marges ou alors est-ce le système des taxes françaises qui obligent à pratiquer des tarifs élevés pour s’en sortir ?
Je pense que plusieurs facteurs expliquent les coûts plus élevés en France qu’à l’étranger et cela passe notamment pas les taxes qui sont très certainement bien différentes. Mais on note souvent des abus, notamment dans le sud de la France où certains prix explosent dès le mois de juillet, sans réellement de valeur ajoutée. Forcément, ça décourage les voyageurs.
Et Porquerolles est toujours une bonne idée !