Ou comment j’ai croisé un rêve russe en Méditerranée …
Rendez-vous était pris à 9h sur le quai de la capitainerie de la Grande Motte, cette ville près de Montpellier, celle aux pyramides étranges, construite sur des marécages.
Comme par hasard, le temps ce matin était pourri alors que la semaine avait été radieuse. Pluie, vent, ciel plombé … et un départ en mer prévu.
Ce n’est pas pour rien que ce blog s’appelle La fille de l’encre et que j’ai une vague tatouée sur l’avant-bras, la perspective d’une sortie en mer est plus forte que mon aversion pour la grisaille. J’enfile mes baskets, une veste imperméable, un jean confortable et je file.
Arrivée devant un magnifique catamaran, le Providence, mon cœur commence à chavirer et je sens un sourire s’accrocher sur mon visage – il ne me quittera plus de la matinée – surtout lorsque l’équipage me rassure « oui, nous allons lever l’ancre. Nous nous abriterons dans la baie de Port Camargue, en l’attendant et ensuite nous l’accompagnerons jusqu’au quai. Il gite fort, il tangue mais il arrive, il sera là à l’heure. »
Lui, c’est le Shtandart et c’est pour lui que je suis là. D’ailleurs, on devrait plutôt dire elle puisque le Shtandart est une frégate russe, au caractère bien trempé, autant que sa proue est éclaboussée par les vagues.
Le Providence à l’assaut des vagues
10h, ça y est, nous levons l’ancre. Je ne manque pas une miette des manœuvres mais très vite, je délaisse le bas du catamaran pour choisir la place de choix, en haut des escaliers, là où le vent et la pluie se mêlent à l’eau salée pour mon plus grand plaisir.
Ça tangue fort. Je demande à Raymond, authentique marin, qui connait tous les bateaux par cœur : « les creux là ? oh, pas plus d’1 mètre ! C’est rien du tout ça ! »
C’est rien du tout mais ça bouge sec et les mouvements du catamaran nous contraignent à nous tenir solidement.
Tenir appareil photo, portable et balustrade, sous les gouttes d’eau n’est pas chose aisée … j’écrase quelques pieds au passage.
Heureusement que je n’ai pas le mal de mer. Et puis nous avons Wolfgang, juste à côté de nous, qui chante. Des chants marins évidemment alors le moment est beau !
Après une petite vingtaine de minutes à chanter, discuter de la mer et des navires, prendre en pleine tête l’eau cachée dans les voiles … nous l’apercevons enfin. Tout petit point dans une immensité grise et terne, plus nous nous rapprochons, plus il éclaire le ciel et comme par un miracle commandé par Neptune sans aucun doute, le ciel bleu perce les nuages lorsque nous le croisons enfin.
Quand Méditerranée et Russie se rejoignent
Magique. C’est le mot qui vient en tête immédiatement. Naviguer au plus près de cette frégate tout en bois, venue de si loin est un rare moment d’émotion. Non seulement le Shtandart a parcouru plusieurs miles à notre rencontre mais son histoire est digne du plus joli des films romanesques.
La frégate fut le premier navire de guerre de la flotte Baltique. Construit en 1703 sous les ordres de Pierre 1er, il a fièrement porté les couleurs de la Russie jusqu'en 1727 où il fut détruit, impossible à sauver, l'eau salée ayant fait son œuvre sur ses bois avec trop d'avidité. Sa destruction fut accompagnée d'un édit prémonitoire « A la mémoire de son nom, que Sa Majesté Pierre le Grand lui a donné, mettez la quille et construisez un nouveau navire ». En 1994, quelques jeunes de Saint Pétersbourg, ont fait le rêve fou de faire revivre le Shtandart. En 2000, il prenait la mer pour la première fois. Si l'intérieur de la frégate a laissé la place à du matériel plus moderne, tout le haut du bateau est une parfaite réplique historique. Les canons, les sculptures de décoration, la barre, l’appareil à gouverner, les échelles, les passerelles, les écoutilles et les lucarnes sont un reflet exact du passé.
Après s’être fait surprendre par les coups de canons du Standart, nous l’accompagnons à quai où il va passer quelques jours, se faire admirer par les visiteurs de la Grande-Motte avant de repartir, cap sur Barcelone, puis ensuite sur Sète.
Lorsque nous montons à bord, ce qui me frappe est la beauté des bois qui m’entourent. Des bois blonds, dorés, des bois foncés, des bois peints, tous joliment patinés comme s’il s’agissait là de bois très anciens.
Et les cordes ! Des mètres et des mètres de cordes dans lesquels on craint à chaque instant de se prendre les pieds. Faut dire aussi que le lieu est exiguë, étroit … nulle plainte toutefois lorsque l’on aperçoit les hamacs qui servaient de couchettes aux membres de l’équipage.
Que les voyages en mer devaient être terribles en 1710 !!
Finalement, lorsque la modernité rencontre l’histoire, ce n’est pas pour me déplaire …
Et pour terminer en beauté cette matinée, me viennent en tête quelques mots de Vladimir, le beau capitaine russe du Shtandart
» vous n’êtes pas sur un bateau, vous êtes sur un rêve »
Et Vladimir, des rêves, il en a encore bien d’autres. Des rêves fous de reconstitution et de navigation qui deviendront certainement un jour une réalité faite de bois, de sueur, de patience et de passion.
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Escale à Sète, c'est la fête des traditions maritimes qui aura lieu du 27 mars au 2 avril prochain. Au programme, des bateaux magnifiques comme l'Hermione, El Galeon ou le Krusenstern mais aussi des animations, des chants, de la musique, de la gastronomie, une bataille navale, des espaces pour les plus jeunes ... la transmission est un enjeu important pour l'équipe d'Escale à Sète.
Dans cette équipe, on retrouve Raymond qui est le Monsieur Bateau de l'évènement - un puits de connaissance sur le monde de la mer - et Wolfgang, génial directeur qui chante même dans les creux et les vagues.
On trouve aussi Valérie qui s'occupe de la communication et qui me permet de vivre de beaux moments en leur compagnie, que vous pourrez suivre ici même ou sur mes réseaux sociaux et Instagram notamment.
Pour la Grande Motte rendre à Escale à Sète depuis la Grande Motte : la ville aux pyramides est partenaire cette année de l'évènement et vous permet de vous rendre directement à Sète grâce aux 4 bateaux qu'elle met à disposition. Une traversée d'1heure et demi environ pour vivre l'expérience maritime du début à la fin de la journée.
Quant à moi, je vous dis à très vite pour d’autres rendez-vous marins 🙂
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Merci beaucoup pour ce partage d’expérience Olivia !
Avec plaisir Magaly, mon blog est là pour ça !
On oublie la houle et la pluie en lisant ton article, on ne veut qu’être sur ce pont à admirer cette beauté (je parle bien du navire ici!)… et la mer!
ah mais la houle, c’est drôle !!
Super sympa comme article, le bateau est magnifique !!
il est vraiment sublime
Quel joli reportage. La passion et le travail font des merveilles !
Je t’envie d’avoir le pied marin … pour moi, dès que ça bouge trop beuh !
j’adore ça et après 2 jours en mer par force 7, je te confirme : je n’ai pas le mal de mer du tout 🙂
Superbe article
Merci Olivia ça eestranscrit vraiment ce qu on a vécu
Mais quelle chance tu as !!! J’aurais adoré faire cette traversée même sous la pluie ! Ce bateau a l’air magique et l’équipage est en adéquation avec le décor ! Un très beau reportage comme toujours ! Belle journée
C’est une chance folle oui tu as raison et j’en savoure chaque instant 🙂