écriture

Mes nouveaux carnets, mon retour à l’écriture et le bouchon de la salle de bain

Étrange pour une blogueuse de parler de retour à l’écriture non ?

Retourner à l’enfance pour se retrouver

Je chemine depuis plusieurs mois, poussée par un vent qui m’incite à me découvrir davantage pour me sentir pleinement moi-même et accomplir mes désirs enfouis. Rien de cochon dans ces lignes, vous risquez d’être déçus.
Nous avons tous des rêves, des envies non assouvies et c’est finalement pas très grave si elles ne sont pas toujours réalisées, elles nous tiennent chaud les jours sombres et nous aident à passer certains caps. Ils sont plus lourds à porter ces désirs lorsqu’une petite voix impérieuse nous dit qu’il serait vraiment dommage de ne pas les mener à leur terme, juste pour être en accord avec soi.

Mes petites voix sont là depuis des années, bien enfouies sous des tas d’excuses bidons et moins bidons. Je tente de comprendre pourquoi elles existent, d’entendre ce qu’elles ont à me dire, pourquoi elles m’empêchent de réaliser certaines de mes envies qui ressemblent furieusement à des besoins. Et lorsque des besoins ne sont pas assouvies, on peut vite se sentir bancal. Du moins, pas aligné.

C’est un peu ce que je ressens. Bien mais bloquée à certaines encablures. Je crains aussi que, le temps passant, les regrets ne se fassent trop présents. Pas envie de ça !

Expériences sensorielles et spirituelles

Poussée donc par un vent largement entretenu par ma curiosité, je me délecte d’expériences sensorielles que jamais, ô grand jamais, je n’aurais imaginé quelques années auparavant, nous en avons déjà parlé. Yoga, méditation, voyage chamanique, astrologie fréquentielle, coaching business … la vie met sur mes pas des individus étranges parfois mais lumineux. Ces rencontres sont autant de cadeaux que j’accepte avec joie mais dont certains, bien que j’en ai arraché le papier d’emballage, restent encore insondables. Je ne sais pas trop bien quoi faire de certaines expériences, comme si je n’arrivais pas à en tirer profil. J’espère que ça viendra.

Lors de ces expériences, des interrogations surviennent.

Qu’est-ce-qui me rendait heureuse lorsque j’étais enfant ?

est celle qui revient souvent.

J’aurais adorer poser la question à ma maman, ce n’est plus possible depuis presque 14 ans. Mon papa ? je crois qu’il ne comprenait pas l’enfant que j’étais alors c’est peine perdue.
Je me suis donc interrogée moi-même et j’ai trouvé l’exercice très difficile. J’ai pourtant été une enfant heureuse, joyeuse et souriante.
Avez-vous essayé de vous poser la question ? Faites, vous verrez que ce n’est pas si simple.

Avec du temps, je me suis rappelée de Black et de son chien Decker, de Prisca et de ses amis, des histoires que j’avais imaginé et posé sur le papier. Mais aussi des slogans de parfum que je créais alors, à partir de pages de pub déchirées dans les magazines de ma mère. Moi qui n’ai jamais tenu de carnet intime, il me revenait en mémoire que l’écriture était l’un de mes grands plaisirs. Avec la lecture et les barbies aussi 🙂

Ça tombe bien me direz-vous, j’écris depuis des lustres. En fac de droit déjà, puis lorsque j’étais juriste où l’écriture était le cœur de mon métier, ensuite lorsque je me suis lancée comme blogueuse puis comme rédactrice web.

J’écris depuis toujours en fait !!

Pourquoi alors j’ai l’impression ces dernières années de m’être éloignée de l’écriture ?

Les réseaux sociaux en sont certainement une cause. Passer du temps sur Instagram plutôt que sur mon blog, scroller des heures plutôt que de créer du contenu, lire la vie des autres plutôt que des romans … je me suis laissée happée par les nouvelles technologies numériques. Oups, j’en ai même fait mon métier !!

Mon blog a ses débuts était un blog humeur, comme il en existait plein. Ça plaisait et j’ai toujours été fière de voir les commentaires se maintenir sur La fille de l’encre, alors qu’ils s’effondraient ailleurs.
Il a pris un tournant voyage – que j’adore – assez naturellement. Une catégorie « société » est venue remplacer la partie humeur qui me permettait de continuer à écrire, tel que je le souhaitais, sans souci du référencement naturel et des diktats de Google. Mais aborder des sujets de société un peu touchy comme je l’ai fait, demande de l’énergie, avec la crainte que les débats débordent, l’auto-censure inévitable … J’ai un peu levé le pied, c’est par période. Et puis avec la crise, j’ai vécu un découragement face à mes récits de voyage. Pas évident de parler d’évasion alors que l’on est soumis à attestation …

Tout ceci explique en partie ce sentiment d’éloignement.

En creusant plus, une autre raison expliquant cette sensation désagréable s’est avancée : je n’écris pas ce qu’il faut.
Ou plutôt, je n’écris pas ce dont j’ai besoin.

Je porte des mots en mois depuis des années, des phrases aussi. Ils sont là, ils existent mais uniquement dans mon esprit.
Je ne parviens pas à les poser.
Longtemps, je le sais, j’ai été incapable de le faire. Il était impossible de me confronter à la douleur qu’ils ne manqueraient pas de faire rejaillir. J’ai bien cru qu’ils allaient me laisser tranquilles, vivre leur petite vie de mots non écrits dans ma conscience mais ils ne semblent pas vouloir jouer de cette partition. Ils me pressent pour sortir. C’est par vagues. Ils savent se faire oublier un temps mais finissent toujours par revenir.
Et depuis quelques mois, de mon côté conscient, j’ai peur de les oublier.

Pour autant, je ne passe pas à l’action. Une boule très désagréable faite de procrastination géante, de trouille terrible, de fausses excuses, de « je n’ai pas le temps » s’est formée, glissée entre mes mots là-haut et ma main en bas. Comme le bouchon fait de cheveux perdus et de morceaux de savon qui fait déborder la douche du matin. Manque de bol, le destop ne fonctionne pas.

Alors pour me mettre sur la voie, j’ai acheté des carnets. Qui viennent rejoindre mes 512 carnets déjà présents dans mes tiroirs, planqués bien au chaud.

Ceux-là sont jaunes pâles, des Moleskine. Parce que j’adore le grain de leurs feuilles. Et que je suis snob. Campagnarde mais snob.
C’est important de trouver carnets à sa plume. Voyez avec Charlotte et Géraldine qui en parlent très bien toutes les deux.

Mais revenons, on se fiche des carnets que j’ai acheté. Ce qui m’importe c’est ce que je fais avec.

Le flot de pensées

Depuis quelques jours, le matin, je m’adonne à un exercice étrange, le flot de pensées. J’écris ce qui me vient en tête.
Alice en a parlé, c’est l’un des rituels inclus dans le Miracle Morning. Jamais je n’aurais cru évoquer cette méthode, moi qui ai en horreur la sonnerie du réveil, torture quotidienne.

Alors je ne me lève pas plus tôt le matin pour savourer le silence, je ne profite pas de la cuisine et d’un thé brûlant alors que tout le monde dors encore, je ne vois pas le soleil se lever depuis la fenêtre… mon rituel est beaucoup moins romantique.

Je me cale dans mon lit, je remonte la couverture, me couvre de mon peignoir en pilou, met un livre sur mes genoux, je prends mon carnet, mon stylo et j’écris. Deux pages minimum. Ce qui me vient en tête, sans chercher à faire des phrases, sans chercher le bon mot, sans réfléchir.

Entre-temps, Gabriel entre et sors de la chambre, se regarde dans le miroir, me demande si les couleurs de sa tenue sont assorties … et ça ne me dérange pas, je ne suis pas dans une concentration extrême.

Parfois, je cherche un peu la suite de mes phrases mais elles viennent vite. Souvent décousues, parfois illisibles, des fautes d’orthographe certainement présentes … l’idée n’est pas de pondre le prochain Pulitzer, uniquement de débloquer mon écriture pour peut-être, dissoudre le bouchon de la douche.

Moi qui ne suis pas une fille de rituels, celui-ci me plait bien. Je le fait avec plaisir même si ce n’est pas 7j/7.
J’y adjoins aussi quelques salutations au soleil, deux ou trois postures de yoga, la respiration du feu pour me réchauffer.

Et c’est là que l’idée d’être une caricature d’Instagram me traverse et me fait sourire. Mais comme ça me fait du bien, je vais continuer encore un peu je crois 🙂
Et la suite ? Pfff, je sais pas. On verra.

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