Voilà c’est dit, je suis féministe.
Pourquoi ? Parce qu’il le faut, tout simplement.
Jusqu’à quand ? Tant qu’il le faudra.
Maintenant que les présentations sont faites, passons aux détails. Reprenons l’exercice de la définition, revenons à nos essentiels.
Féminisme :
- Mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société.
Féministe :
- Attitude de quelqu’un qui vise à étendre ce rôle et ces droits des femmes
Voilà donc : je souhaite l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société.
Rien de très foufou non ?
Alors pourquoi, lorsque je dis que je suis féministe – lorsque j’ose et ce n’est pas à chaque fois – je reçois mon lot de remarques désagréables, de regards désapprobateurs, de mines déconfites, de sourires moqueurs et j’en passe ?
Et j’ai même vu certaines d’entre vous soupirer et lever les yeux au ciel dès la lecture de mon titre. Sache que je vois TOUT !
Etre féministe n’est pas un gros mot
Féministe n’est pourtant ni un gros mot, ni une maladie contagieuse, ni même une attitude qui doit susciter la honte. Bien au contraire lorsque l’on voit la façon dont les femmes sont traitées dans la société.
Quelques exemples tout chauds, sortis au hasard du chapeau ?
- l’affaire du harcèlement sexuel en politique et de ce cher Denis Baupin et de tous les autres encore dont les noms sont sus mais pas prononcés,
- le harcèlement de rue
- la différence de salaire entre les hommes et les femmes à compétences égales
- le nombre de viol proprement hallucinant
- la représentation des femmes aux postes importants dans les entreprises : peanuts
- le marketing genré qui transforme la moitié des magasins de jouets en annexe de la maison de Barbie : rose, très très rose
- « ne pleure pas mon fils, un homme ça ne pleure pas »
- la gestion légale de la prostitution par des députés essentiellement masculins
- les tâches ménagères encore dévolues majoritairement aux femmes
- la représentation des femmes dans les médias, soit sous-représentées, soit jugées sur des critères purement physiques …
- Nous pourrions y passer la journée malheureusement …
Alors les contre-arguments, comme je les connais aussi par cœur, allons-y gaiement :
- une femme est moins disponible qu’un homme au travail, entre les absences pour enfants malades et celles pour les règles douloureuses
- non mais ça va quoi ! On est en France, c’est pire ailleurs !
- les choses ont vachement changé quand même depuis mai 68
- « tu dis ça parce que t’es pas tombée sur un vrai mec ! C’est un dur comme moi qu’il te faut pour te faire grimper au rideau ! »
- c’est plus naturel pour une femme de faire le ménage, leur mère leur ont appris
- un petit garçon qui pleure risque de devenir homo !
- les filles adorent les princesses, c’est comme ça
- ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants
- Comment elle était habillée ? Ah oui mais forcément si elle était en mini-jupe, elle l’a bien cherchée !
Et le pire, c’est que ces arguments sont tenus aussi bien par des hommes que par des femmes. Et je suis toujours étonnée de voir à quel point certaines femmes peuvent être nos meilleures ennemies parfois.
Alors pour que tous ces exemples ne soient plus que des cas isolés puis des légendes urbaines, que ces arguments disparaissent à jamais de nos discussions, je suis féministe.
Et ça implique quoi, d’être féministe ?
J’imagine que chacune vit son engagement féministe différemment et je ne peux vous parler que de mes seules actions.
- je participe régulièrement à des débats/discussions au sein d’un collectif féministe de ma région où les sujets les plus divers sont abordés. Cela m’a vraiment permis de dépasser certaines croyances que je traînais depuis longtemps et de faire un véritable travail de déconstruction.
- je ne laisse plus passer les remarques sexistes que j’entends autour de moi. Famille, amis, boulot … je relève toutes les remarques inappropriées.
Toujours calmement, de façon posée, souvent sur le ton de l’humour pour éviter de dramatiser la discussion … et malgré ces attentions, les attaques contre mes positions fusent toujours très vite. « Aigrie », « emmerdeuse », « sans humour », « rabat-joie » … sont les mots dont on m’affuble parfois. Emmerdeuse, je veux bien, pour le reste, je m’inscris en faux.
- j’écris sur le sujet dès lors qu’un sujet me touche plus qu’un autre, j’essaie de partager mes lectures, mes visionnages de vidéos, mes réflexions … si celles-ci pouvaient rejoindre l’une des vôtres …
Nous avions parlé ici du film Yo Decido, des Miss France, des poils, d’un député pris d’amour pour la basse-cour …
Il n’y a aucune volonté de ma part de faire du féminisme un fond de commerce et sincèrement, je serais ravie de laisser tomber ce sujet mais vu le machisme ambiant, c’est mal barré.
- je soutiens les actions qui me semblent aller dans le bon sens.
Comme la soirée #EllesFontlActu, organisée par le Club de la Presse de Montpellier, à l’occasion de la sortie d’un guide des Expertes en région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées. Un travail de plus de 2 années dont la base est la constatation de la sous-représentation flagrante des femmes dans les médias.
C’est demain soir, en présence d’Audrey Pulvar. Des interventions de chercheuses, d’entrepreneuses, d’auteures viendront entretenir le débat. La soirée s’annonce passionnante.
Pour celles coincées à Paris ou ailleurs, vous pourrez toujours me suivre sur Twitter, j’assurerai un live-tweet de l’événement.
Ce n’est franchement pas grand-chose mais c’est déjà ça et comme je suis une fervente partisane du 1+1+1+ … = beaucoup, cela me va bien !
Et vous, le féminisme, vous le vivez comment ?
Merci pour cet article sur lequel je tombe un peu par hasard.
Moi aussi je me revendique féministe et je suis désemparée de voir la connotation négative qu’a pris ce terme depuis quelques années. Depuis la naissance de ma fille, je m’interroge beaucoup sur les stéréotypes dans l’éducation de nos enfants, dès le plus jeune âge, et j’essaie de me renseigner et de me documenter pour pouvoir, comme tu dis le faire, répondre calmement et avec un argumentaire solide, à toutes les petites remarques insidieuses qu’on entend quotidiennement.
A ce sujet, as-tu des conseils particuliers à me donner ?
oh non ma belle, je n’ai pas de conseils !! la seule chose à faire comme tu le dis est de lire afin de pouvoir mieux comprendre ce qui se cache derrière le sexisme et pouvoir y répondre et démonter les clichés.
Salut et merci pour cet article 🙂 ahlala, l’utilisation du mot féminisme, parfois, rien que d’évoquer le terme même, et on est embarqués dans un débat sans fin.. à cause de ça, je dégaine souvent cet article écrit par une amie : https://feministesetvous.wordpress.com/2014/09/29/plaidoyer-pourquoi-le-terme-feminisme-est-pertinent/
Merci pour le lien 🙂
Entièrement d’accord sur tout ! Ma technique c’est souvent d’utiliser un exemple en l’appliquant à la personne qui dit un truc qui n’a pas lieu d’être, « Image que toi…. » et de toujours toujours toujours rester polie sinon la personne s’en sert pour détourner la conversation et utiliser les mots que tu as cité.
Malheureusement, comme tu l’as aussi souligné, il y a des femmes qui enfoncent le couteau dans la plaie, qu’elles se disent féministes ou non. Quand une femme me sort qu’elle est féministe et qu’il faudrait émasculer les hommes ou qu’elle n’a pas besoin d’un mec pour tuer une araignée, j’ai un peu envie de pleurer.
Mais bon, faisons notre part, touchons les personnes autour de nous et on finira par y arriver 🙂
gardons espoir 🙂
Par contre, je t’assure que je n’ai besoin de personne pour tuer une araignée 🙂
Je travaille principalement pour un service constitué d’hommes et même s’il est vrai qu’ils sont taquins par moments ils reconnaissent aussi que sans nous (avec ma collègue) ils sont perdus ! et on est pas mal chouchoutées 🙂 après il est vrai que ton article est très juste et que malheureusement, ça avance trèèèèèèèèès lentement vers une amélioration …
la taquinerie sans sexisme est toujours possible même si la frontière est floue parfois