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Cet enfant qui pensait être un adulte

Il était une fois un enfant qui pensait être un adulte. Mais qui n’avait que 9 ans.

Déjà tout petit, il avait un caractère bien trempé : infatigable, il oublia de faire la sieste dès 2 ans; doté d’une curiosité à toute épreuve qui le poussait à toutes les aventures; la langue bien pendue, il parlait plus que sa maman,  c’est pour vous dire …

Ses parents, ayant une haute opinion de l’enfance et défendant l’individualité de chacun, qu’il soit petit ou plus grand, l’encourageait dans ses envies d’autonomie. Et puis maman qui aimait beaucoup les câlins, les caresses, les mamours avait aussi des envies de liberté et d’espace rien que pour elle, de temps en temps.

Et puis un enfant, ça comprend tout. Alors il faut parler, lui expliquer … avant que la télévision et les médias ne se chargent de le faire eux-mêmes, avec leur vision impartiale de la société, leur course à l’argent, à la renommée, à la notoriété … Il fallait dire la vérité à l’enfant, pas question de lui faire croire que les garçons naissent sans les choux et les filles dans les roses.
Le Père Noël et la Petite souris sont venus souvent rendre visite à l’enfant sans que maman ou papa s’en mêlent, la vérité oui mais la magie aussi.

Alors il a su, la mort, l’amour, le terrorisme, les filles sur la route qui mène à la plage l’été « Dis maman, qu’est-ce-qu’elles font là ces jeunes filles en short ? » …

Ses parents parlaient mais veillaient à ne pas dépasser ce qu’il ne pouvait entendre et ne pouvait comprendre.

L’enfant, doté d’une joie de vivre communicative et d’un fort potentiel à la clownerie, était un sacré numéro. Tendre et dur à la fois, têtu et attachant, gentil et démon … à tel point que ses parents le surnommaient dans son dos « Docteur Jekyll et Mister Hyde ».

Deux personnalités pour une même enveloppe charnelle.

Aujourd’hui, l’enfant a grandi et le fossé se creuse encore un peu plus entre ses deux personnalités : l’adulte qu’il pense être et le bébé qu’il déteste être mais qui le rattrape tellement souvent.

Alors, il demande à ses parents de le traiter en grand garçon mais se comporte en petit enfant … il tient des discussions étonnamment mûres pour son âge mais a décrété que les devoirs, pfff  « pas envie de les faire … » .
A peur de redoubler son CM1 mais adore dire que « travailler c’est fatigant … » et puis « je comprends rien maman », phrase excuse tant prononcée même devant une addition de CE1, on sait jamais, si maman décidait de faire les devoirs à sa place.

Imaginez alors la maman, tiraillée par son garçon de 9 ans, qui réfléchit à la faim dans le monde, aux arnaques des publicitaires et parfois mêmes à celles des adultes mais qui croit encore au Père Noël et à la Petite Souris … Cet enfant qui ramène sa fraise à chaque instant, même lorsqu’on lui intime l’ordre de se taire et qui répond sans broncher « liberté d’expression, je suis Charlie », qui se permet de justifier ses bêtises par les erreurs de ses parents, qui ne veut plus de bisous devant l’école, qui écoute Queen, les Béruriers noirs et Kendji, qui a peur du noir, des Gremlins, qui ne veut porter que des casquettes Vans mais chouine dès qu’il a un petit bobo, qui peut être aussi bête qu’il est intelligent, qui veut tout faire tout seul mais a du mal à mettre ses chaussettes, qui veut changer de famille depuis que la télévision est débranchée pour cause d’insolence mais aime tant s’endormir dans le lit de papa-maman …

Cet enfant c’est  le mien. Je l’aime d’amour comme une maman sait si bien aimer. Et même plus encore.

Mais si on pouvait me donner la clé qui mène à son fonctionnement d’enfant de 9 ans tiraillé entre la vie des grands et celle des bébés, ça m’aiderait beaucoup 🙂

 

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