Au début de l’été, j’ai passé une journée formidable à Cavaillon. Je vous emmène découvrir cette petite ville du Luberon qui vous surprendra certainement !
Nous avons l’habitude d’associer Cavaillon et les fruits gorgés de soleil dont nous raffolons l’été, les melons. Et c’est bien vrai qu’ici, les meilleurs producteurs proposent des melons délicieux.
Baignée par la Durance, Cavaillon, situé dans le Parc naturel régional du Luberon, est une terre fertile qui donne des fruits et légumes savoureux toute l’année.
Cavaillon et ses environs, au-delà de leur richesse agricole, est une ville riche d’histoire.
Ancien siège épiscopal, elle a su profiter de la richesse papale pour grandir davantage.
Si nous remontons plus loin en arrière encore, Cavaillon fut une ville très importante durant la période romaine. Ville étape sur la voie Domitienne, c’est vraiment à ce moment que la ville s’est développée et de nombreux monuments romains fut construits. Il ne reste aujourd’hui que l’arc antique situé sur la place du clos et quelques 304 deniers d’argent datant du Ier et du IIe siècles, découverts il y a une vingtaine d’année dans le jardin de l’hôtel d’Agar.
Durant le Moyen-Age, la Renaissance et la Période moderne, la ville connu des heures sombres : croisade des Albigeois, pillage par les protestants, destruction du palais épiscopal … La ville fut durement touchée par l’histoire. Mais vous le verrez, il reste de nombreuses traces de la riche vie passée de Cavaillon.
Passé ce petit cours d’histoire, nous pouvons partir ensemble découvrir la ville. Et nous commençons par un grand bol de nature !
Crapahuter dans la colline Saint Jacques
Cavaillon est résolument une ville verte, grâce notamment à la colline Saint Jacques qui se laisse découvrir facilement par toute la famille.
Différents accès permettent de grimper en haut de la colline d’une hauteur de 180 mètres pour une vue panoramique sur les monts du Luberon, le Ventoux et la Durance. Depuis la ville, il vous suffira de prendre les escaliers situés juste à côté de l’Office du Tourisme.
La colline Saint Jacques est un morceau du Petit Luberon, isolé. C’est un terrain de jeu de 300 hectares pour les amoureux de la nature et les sportifs.
Le climat méditerranéen chaud et sec explique que l’on y trouve des chênes verts, des pins d’alep, des romarins mais aussi de nombreuses acanthes, symbole de l’amour éternel, qui inspira les architectes depuis l’antiquité.
On y trouve aussi de nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes. C’est avec un guide naturaliste que j’ai découvert la colline et je vous conseille vivement cette sortie organisée par l’Office du Tourisme, on y append plein de choses sur la faune et la flore.
Pour les plus courageux, la colline abrite une via ferrata réputée, directement accessible à pied depuis le centre-ville. Perso, j'ai préféré passer mon tour, bien plus à l'aise les pieds sur la terre qu'accrochés à des rochers mais les deux boucles - un itinéraire découverte, un itinéraire sportif - ont l'air bien chouettes pour les amateurs et puis cette vue !!!!
Découvrir le quartier juif et la synagogue de Cavaillon
Cavaillon, fut avec Avignon, Carpentras et l’Isle sur la Sorgue, l’une des villes où existait une carrière juive, – rue en provençal – c’est à dire un quartier fermé où vivaient uniquement des juifs. Cet isolement était imposé et non choisi et il se manifestait par des portes et des murs qui isolait cette population des autres habitants.
Alors que les papes étaient installés à Avignon, les juifs étaient protégés et respectés par ces derniers. Avec des contreparties évidemment, notamment pécuniaires et des grandes restrictions. De mouvement déjà (impossible de vivre ailleurs que dans la carrière) mais aussi en terme d’emploi. Seules quelques professions étaient autorisées au juifs, dont celle d’usurier.
C’est un régime d’exclusion et de tolérance qui est alors appliquée dans les quatre villes.
L’histoire des « juifs du pape » est singulière et n’existe que dans le Comtat Venaissin.
Seule Cavaillon porte encore les restes de la carrière. A Carpentras, une signalisation du sol marque l’emplacement du quartier juif. Je dis « quartier » mais vous aurez compris qu’il s’agissait davantage d’une rue étroite où s’entassait une population dense …
La synagogue était dans les carrières, le centre des activités. A la fois espace de prière, de réunions, et d’école, on trouve encore à Cavaillon et à Carpentras les boulangeries où étaient fabriquées le pain azyme pour les rituels hébraïques mais aussi les bains de purification, les mikvé. Seul celui de Carpentras est encore visible.
La synagogue de Cavaillon, classée au titre des Monuments Historiques depuis 1924, est superbe. Inspirée du baroque, elle est très étonnante pour un lieu de prière avec ses dorures et ses motifs floraux, d’influence provençale et chrétienne. On y trouve même la coquille de Saint Jacques !
Pour le reste, elle reprend les codes hébraïques avec le fauteuil du prophète Elie, la grande table de lecture réservée aux officiants et au rabbin, une salle du bas pour les femmes, une salle du haut pour les hommes …
Sur visite uniquement, accessible toute l'année. Plus d'infos : visiter la synagogue de Cavaillon
La cathédrale Notre Dame et Saint Véran
La cathédrale de Cavaillon date du Moyen-Age, elle est dédiée à la Vierge Marie et à Saint Véran, évêque de Cavaillon et patron des bergers. Destructions, reconstructions, l’histoire de la cathédrale ne fut pas un long fleuve tranquille … et il semble qu’elle reste encore mystérieuse à bien des égards, elle fait encore l’objet de travaux d’études et de travaux tout court puisqu’elle est en cours de réhabilitation depuis 2020. Un immense chantier pour redorer ses ors, ses chapelles et son joli cloître.
Elle reste ouverte durant les travaux, je vous invite à pousser la lourde porte, vous aurez une idée de la grandeur de ce monument et de sa superbe. On y perçoit la richesse des décors et la flamboyance des couleurs. Il faudra y retourner bien entendu lorsque les rénovations auront pris fin !
L’hôtel d’Agar
Comment vous parler de ce lieu singulier afin que vous compreniez qu’il est absolument extraordinaire et qu’une visite est indispensable ?
L’hôtel d’Agar est un hôtel particulier comme il en existe dans toutes les villes de France.
Au Moyen-Age, on désignait par le mot hôtel la demeure citadine des grands seigneurs. A partir du 17ème siècle, étaient associés à cette appellation les maisons des riches bourgeois et des élites. Après la Révolution, ce fut le tour de la grande bourgeoisie industrielle et financière de construire ces belles demeures, souvent sur le même modèle : un magnifique bâtiment en ville associé à un jardin plus ou moins grand mais toujours aménagé à l’abri des regards.
Aujourd’hui, cela reste un vrai plaisir de pousser la porte des hôtels particuliers dont certains ont conservé leur charme d’antan. C’est le cas pour l’hôtel d’Agar qui est de loin, le plus riche historiquement de tous ceux que j’ai visité. Construit sur des ruines grecques et romaines, on trouve ici « une tour gothique du XVe siècle et ses gargouilles, un plafond peint réalisé en 1537 pour la venue de François Ier, un remarquable cycle médicéen de cheminées en stuc vers 1600, les vestiges d’un temple et des thermes d’Auguste du Ier siècle av J.-C. » … et ce n’est pas fini, les travaux de fouilles et de recherches sont constantes, le lieu n’ayant pas encore livré tous ces secrets.
Dans ce bâtiment encore mystérieux, sont présentées au public des collections d’art absolument fabuleuses à la façon d’un cabinet de curiosités géant. Réunies par la famille Morand au fil des années, ces collections forment une accumulation géniale de toutes les époques qui font tourner les têtes. Chaque pièce sert d’écrin aux œuvres d’art parfois totalement farfelues et rarement vues. A côté des tableaux et des meubles, des santons, des moules étranges, des objets liturgiques, des porcelaines, des poupées, des objets d’art contemporain … C’est dense, intense et hors du temps.
Il ne faut pas manquer également le jardin, petit poumon vert au cœur de la ville, qui existait déjà il y a 2000 ans ! Vous marcherez sur les pas du Louis XVI qui s’y promena et pourrez admirer les vestiges comme des éléments du Pont Neuf à Paris.
J’espère vous avoir donné envie de pousser la porte de l’hôtel d’Agar et de découvrir ses secrets car bien entendu, je ne vous ai pas tout dit !
Ouvert du 20 juin au 20 septembre L’Hôtel d’Agar est ouvert du mardi au samedi, uniquement des visites guidées sur réservation à : 10h – 14h – 16h Dans l'année, visite sur rendez-vous.
Pour déjeuner à Cavaillon
Vous trouverez de bonnes tables pour déjeuner à Cavaillon.
Ce jour-là, j’ai déjeuné à l’Essentiel, une épicerie-comptoir où Yohan compose ses salades et sandwichs avec de bons produits frais. C’est simple, savoureux, les prix raisonnables, une très bonne adresse pour un déjeuner rapide et gourmand à Cavaillon. Et vous pourrez repartir avec les produits proposés du côté épicerie fine.
Yohan a ouvert un second établissement à Saint Rémy de Provence.
Voilà pour cette journée découverte à Cavaillon, je suis certaine de vous avoir appris beaucoup sur cette ville charmante qui mérite qu’on lui accorde du temps.
Alors dorénavant, lorsque vous penserez au Luberon pour vos vacances ou vos week-ends, n’oubliez pas Cavaillon, la ville a tout pour vous séduire !
mon coup de coeur à Cavaillon ce fut la brasserie « Le fin de siècle », pas pour sa cuisine, un peu bof, mais pour le cadre ! A voir absolument, juste pour prendre un verre … on en prend plein les yeux dans ce café classé aux Monuments Historiques, contigu au passage Vidau.
Ah oui, j’y ai bu un chocolat chaud et tu as raison, la décoration est absolument divine !!
Waou ! Merci pour ce bel article sur la ville que j’habite.
Nous avons échangé sur fb, mais je n’avais lu qu’un résumé de l’article complet.
Je connais l’hôtel Agar pour y être allé plusieurs fois ( j’ai habité dans la rue quelques années) la synagogue aussi, mais j’ai appris plein de choses avec vous !
J’aime votre façon de raconter et votre regard plein de bienveillance.
Je vous remercie beaucoup Jennifer et bienvenue par ici 🙂