Comment les blogueurs voyage envisagent l’avenir du tourisme ? J’ai posé la question à plusieurs d’entre eux en plein confinement.
Le secteur du tourisme est l’un des plus touchés par la crise sanitaire sans précédent que nous vivons.
Qui sait quand nous pourrons voyager à nouveau ?
La crise coronavirus changera-t-elle nos habitudes de voyage ?
Comment l’industrie du tourisme va-t-elle surmonter cette crise ?
Autant de questions que nous sommes nombreux à nous poser et sincèrement, pour lesquelles je n’ai aucune réponse… Alors pour ne pas rester seule avec mes interrogations, j’ai interrogé plusieurs blogueurs voyage. Certains d’entre eux vivent entièrement du tourisme, d’autres considèrent les voyages comme une passion mais tous connaissent très bien le milieu du tourisme et partagent avec nous leur vision de l’après-coronavirus.
Vous verrez que sans aucune concertation, des pistes communes émergent de chacun de leur témoignage. Attendez-vous à lire souvent les expressions voyage en France, tourisme local, slow-travel …
Toutes ces prises de parole sont passionnantes entre optimisme et réalisme, l’équilibre est un délicat exercice en période inconnue.
Retrouvez les témoignages des blogueurs voyage
- Eloise & Luc : « et si un tourisme de pleine conscience était la clé ? »
- Mali : « je n’imagine pas un retour à des conditions normales de voyage avant septembre »
- Dana : « ces moments que nous vivons si difficilement aujourd’hui seront l’impulsion pour changer les choses demain »
- Carine : « demain, nous aurons à cœur de privilégier ce qui compte vraiment »
- Solange : « ce temps nécessaire de confinement est le moment idéal pour questionner nos comportements »
- Enora et Candie : « ce virus est une bouée de sauvetage pour la planète »
- Clémence et Fabien : « nous souhaitons partir à la rencontre des locaux au Sri-Lanka où nous vivons »
- Mila : « une période de réadaptation pour ne plus faire les mêmes erreurs ! »
- Moran : « en Nouvelle-Zélande, les restrictions aux frontières sont mises en place jusqu’à la découverte d’un vaccin ! »
- Aala : « le COVID-19 remet en question le voyage »
- Lucie : « la grande majorité de nos voyages, c’est de la consommation »
- Melissa : « le tourisme ne reprendra pas avant l’été prochain »
- Camille : « le retour à la normale va s’étaler dans le temps à l’échelle mondiale »
- Caroline : « la Terre respire mieux depuis que la planète est à l’arrêt »
- Emmanuel : « le secteur du tourisme vit sa plus grande crise »
- Pierre & Alexandra : « le tourisme est un revenu-clé dans l’économie mondiale »
Eloise & Luc : « et si un tourisme de pleine conscience était la clé ? »
Eloise & Lucas du blog L’oeil d’Eos
Nous sommes en train de vivre une situation sans précédent. Et il y aura clairement un avant et un après Covid-19. Je vois en cette crise une opportunité, qui à la fois va nous permettre à tous de ralentir nos rythmes de vie, mais aussi de nous remettre, en quelque sorte, dans le droit chemin. J’ai la sensation que nous sommes allés « trop loin » et « trop vite » en si peu de temps.
Lorsque l’on y pense c’est quand même assez fou de se dire qu’en une semaine on peut partir à l’autre bout du monde… Mais quelles conséquences cela a ? Sans nous en rendre compte nous avons participé à cette frénésie de la surconsommation. Car même si le voyage ouvre bien des portes, je crois qu’il est grand temps que nous posions un « holà » nécessaire, ou tout du moins que l’on prenne réellement conscience des enjeux qui se cachent derrière cette facilité déconcertante à partir à l’autre bout du monde. Cela n’est pas un geste anodin et sans conséquence.
Je repensais il y a quelques jours à mes vacances quand j’étais petite. Pour moi, partir en vacances c’était aller à la plage dans le sud de la France ou encore partir aux sports d’hiver… Il ne s’agissait pas d’aller à l’autre bout du monde. Et je pense que cette crise ne fera qu’ajouter des points de réflexions à la prise de conscience qui semble déjà se jouer ici et là. « Consommer moins et mieux ». Et si c’était le moment d’appliquer cela aux voyages ? Partir moins loin, moins souvent, profiter pour retourner à un tourisme de proximité ?
A croire que les blogueurs voyage l’avaient tous plus ou moins senti, nous prônons de plus en plus un « retour aux sources », à ces voyages « d’à côté » et je pense que c’est le tournant que le tourisme devrait prendre. Alors bien sur il ne faut pas s’empêcher de voyager à l’autre bout du monde, ce n’est pas ce que je dis. Mais peut-être le faire plus consciencieusement, moins souvent ou alors sur des durées beaucoup plus longues.
Et si un tourisme de pleine conscience était la clé ? La réponse dans les années à venir…
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Mali : « je n’imagine pas un retour à des conditions normales de voyage avant septembre »
Mali du blog Un pied dans les nuages
Pour moi, il faut déjà partir du principe que même lorsque le confinement sera fini en France, le coronavirus va rester un problème pour de nombreux pays pendant des mois. Je n’imagine donc pas un retour à des conditions « normales » de voyage avant septembre. De mon côté, j’anticipe deux tendances :
Une baisse des prix et des fermetures
De nombreux acteurs du tourisme vont souffrir, souffrent déjà. Dernièrement, lors d’une interview pour mon futur guide à paraître sur Reykjavik, une professionnelle m’indiquait déjà que ses tarifs allaient baisser, pour rester attractive. Je pense que ça va être le cas de beaucoup d’acteurs du tourisme, pour faciliter la reprise. C’est une stratégie qui peut être payante, si le marché ne se brade pas trop.
Malheureusement, ceux qui n’auront pas une certaine trésorerie vont mettre la clé sous la porte. Et ils vont être nombreux, je pense. A l’inverse, ceux qui profitaient d’Airbnb pour détourner le système avec des appartements vides à l’année vont aussi en pâtir. Et ce n’est peut-être pas plus mal, ça va sûrement assainir un peu la situation.
Un retour au staycation et aux voyages en France
C’était déjà une tendance qui s’amorçait ces dernières années, et je pense qu’elle va largement s’accentuer en 2020. On sait tous que le coronavirus va encore largement circuler pendant des mois. Et de nombreux voyageurs ont aussi eu la désagréable surprise de voir leur voyage à l’autre bout du monde annulé, avec ou sans compensation.
Cette année, je pense donc qu’on va être nombreux à être un peu frileux sur nos plans et à préférer opter pour une destination France. Mais aussi avoir envie de profiter à nouveau de ce qui est proche de chez nous, que ce soit les espaces naturels, ou les artisans et commerces locaux qui sont présents et organisent beaucoup de gestes solidaires (comme Florent Ladeyn qui a offert des paniers bio aux urgences de Lille) en cette période. Clairement, tout ce qui est destination campagne et tourisme local va faire un bond, et ceux qui étaient déjà très engagés dedans auront une bonne longueur d’avance. Ce qui est pas si mal aussi, non ?
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Dana : « ces moments que nous vivons si difficilement aujourd’hui seront l’impulsion pour changer les choses demain »
Dana & Stéphane du blog Le monde de Tikal
Cette période est sans aucun doute une des principales crises qu’ait connue notre société en termes sanitaires évidemment et économiques, mais aussi sociétaux. Beaucoup de domaines sont impactés, c’est une certitude, et le tourisme n’est pas en reste. Avec nos activités de photographes et producteurs de contenus, on ne peut qu’en faire le constat. Et pourtant, malgré les malheurs, malgré le confinement, malgré les difficultés rencontrées par chacun, on ne peut s’empêcher d’y voir une porte ouverte. On ne peut se sortir de la tête que ces moments que nous vivons si difficilement aujourd’hui seront l’impulsion pour changer les choses demain.
Alors oui, la société telle que nous la connaissions ne sera certainement plus et le tourisme tel qu’il existait devra se reconstruire. Mais peut-être serait-ce alors l’opportunité de faire la part belle à l’écotourisme et au voyage responsable ? Mettre la terre, la biodiversité, la faune et la flore au centre de beaucoup d’initiatives touristiques ? Opter pour le local plutôt que l’autre bout de la terre. Favoriser la sensibilisation à la surconsommation.
Notre mode de voyage en slow-travel est lent et contemplatif. Il nous invite depuis le début à privilégier ces initiatives et nous aimons collaborer avec des acteurs du tourisme qui œuvrent en partenariat avec la nature, qui la protègent et la mettent en avant. Nous espérons vivement que ce sera pour beaucoup l’occasion d’une transition pour inviter à l’aventure locale, à la découverte de sa région et à une plongée dans l’authenticité d’une histoire et de traditions.
C’est ainsi que nous pensons repartir sur les routes. Toujours en van, toujours lentement et toujours armés de nos appareils photo. Mais cette fois avec une envie encore plus intense et ancrée de partager la beauté des territoires qui nous entourent. Parce que l’aventure n’a pas besoin de se faire à des milliers de kilomètres pour être forte, vibrante et bouleversante.
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Carine : « demain, nous aurons à cœur de privilégier ce qui compte vraiment »
Carine de La Voyageothèque
S’il est impossible de prédire l’avenir, peut-être est-il envisageable de percevoir les tendances de demain pour le secteur du tourisme.
L’impact de la crise sur notre état d’esprit : profitons de la vie !
Puisque l’on vient de prendre brutalement conscience que tout peut basculer du jour au lendemain, je suis prête à prendre le pari que demain, lorsque tout ira mieux, nous aurons à cœur de profiter de la vie et de privilégier ce qui compte vraiment.
Il est fort possible alors que les rêves de voyages lointains, tours du monde et autres voyages au long cours deviennent impérieux et passent avant la volonté de faire carrière. Le « réussir SA vie » passera probablement devant le « réussir DANS LA vie ». Une recherche d’épanouissement personnel et/ou familial qui peut inciter les voyageurs à partir pour de longs mois sur les routes, faisant fi des nécessités de travailler 60 heures par semaine pour redresser l’économie si c’est pour mourir demain.
Les vertus du confinement : retour à des valeurs de simplicité et de fraternité
Passées les crises passagères et inévitables lorsque l’on reste 24 heures sur 24 avec les mêmes personnes, le confinement aura au moins le mérite de :
- nous rapprocher des nôtres
- nous éloigner de la société consumériste.
De la vie plus simple que nous sommes contraints de mener découlera peut-être une envie de voyage plus minimaliste avec un recentrage sur l’essentiel. Développement du slowtravel, consommation moindre de prestations touristiques, intérêt accru pour le local, retour à la nature (camping, marche, randonnée).
La France est un beau pays : le tourisme de proximité privilégié
Solidarité avec nos producteurs locaux, nos restaurateurs, hôteliers, redécouverte de notre patrimoine culturel, naturel, gastronomique qui font notre fierté d’être Français, les raisons ne manqueront pas de rester en France pour les vacances dans les mois d’après-crise.
Le tourisme de nos campagnes, de nos montagnes et de nos littoraux, c’est moins tape-à-l’œil qu’un voyage au bout du monde, mais c’est tout aussi riche. Il est probable que le retour à l’essentiel imposé par la crise profite au tourisme de proximité, assurant ainsi la pérennité de quantité d’entreprises privées de touristes internationaux devenus frileux.
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Solange : « ce temps nécessaire de confinement est le moment idéal pour questionner nos comportements »
Solange du blog Seniors en Vadrouille
Le Covid19 a remis mes priorités à jour. Coincée au Panama, j’aurais pu accueillir la nouvelle de fermeture des frontières avec amusement, voire satisfaction. Après tout, être dans un pays peu contaminé à ce jour, ayant pris très vite d’excellentes mesures de protection de la population, pouvait paraître une jolie future anecdote de voyage…
Car j’adore les voyages, presque autant que j’aime lire. Et tous ceux qui me connaissent savent le poids de cette affirmation. J’avais quitté la France début décembre pour plusieurs mois direction l’Amérique Centrale. Sans tristesse. Avec l’anticipation de toutes ces découvertes à venir : les paysages, la culture maya, les animaux, les rencontres surtout.
Parce que je le peux, je pars souvent pour plusieurs mois, façon de rentabiliser mon billet d’avion et de ne pas alourdir plus mon bilan carbone.
L’arrivée du Covid19 en France et sa dangerosité ont bouleversé mes projets et a révélé ma priorité absolue : ma famille. Ne pas pouvoir être là en cas de nécessité est une torture et j’ai passé toutes mes journées à chercher comment rentrer auprès de mes proches.
Alors, mes futurs voyages ? Pour l’instant je n’ai aucun projet de cette sorte. J’ai toujours envie de voyager, de découvrir d’autres cultures, d’autres pays, d’autres mondes. Mais la diminution de la pollution, le chant des oiseaux retrouvés, la clarté des eaux affichent la nocivité de notre manière de vivre.
Cette année, si je voyage, ce sera en France, à la recherche de trésors locaux oubliés, dans ma région. Une envie de voyager local comme on consomme local. Je n’exclue pas de repartir loin, d’autres pays me tentent mais pas là, pas dans l’immédiat. Ce temps nécessaire de confinement est le moment idéal pour questionner nos comportements et les modifier sur le long terme.
En attendant, #RestezChezVous
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Enora et Candie : « ce virus est une bouée de sauvetage pour la planète »
Enora et Candie du blog Les géonautrices
Pour nous, ce virus est une bouée de sauvetage pour la Planète. Depuis quelques mois, nous avons pu voir sur différentes cartes la diminution impressionnante de la pollution dans la zone de Wuhan en Chine, au nord de l’Italie et petit à petit dans d’autres zones de confinement. Les gens étant coincés chez eux, la planète respire à nouveau. Mais cela va-t-il permettre une prise de conscience pour tendre vers un tourisme plus durable ?
Je ne suis pas sûre car j’ai déjà eu des conversations avec des gens qui, à peine confinés depuis une semaine, pensent déjà à acheter leur prochain billet d’avion. L’excuse est que “de toute façon la planète s’en remettra toute seule, ce ne sont pas nos actions qui changeront quelque chose ! »
Donc il y a deux issus possibles pour moi :
1. La majorité des gens vont sauter sur l’occasion pour repartir loin, souvent, rapidement dès que le virus disparaîtra. Il faudra juste penser au fait que cette vague pandémique impactant différents pays petit à petit, il sera plus prudent de se restreindre de visiter certains pays où le virus pourrait encore sévir pour ne pas risquer de le contracter à nouveau. Dans ce cas-là, la crise n’aura pas permis de vraiment prendre conscience de l’impact de l’humain sur la planète, autant sur le sujet du tourisme ici, que sur celui de la consommation, de l’industrialisation, etc.
2. D’autres personnes favoriseront des voyages et séjours proches de chez eux pour se reconnecter avec la nature, voyager plus lentement et faire vivre l’économie locale qui en aura bien besoin, mais aussi peut-être pour éviter d’aller trop tôt dans des pays où la gestion sanitaire du virus n’aura pas été la même et où ils auront peur de contracter le virus.
Quand sera-t-il vraiment ? L’avenir nous le dira 😉. Mon souhait le plus cher cependant est que les consciences s’éveillent vraiment. Il y aura, c’est certain, un avant et un après, ne serait-ce que pour les acteurs du tourisme qui devront se relever d’une telle crise.
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Clémence et Fabien : « nous souhaitons partir à la rencontre des locaux au Sri-Lanka où nous vivons »
Clémence et Fabien du blog Un passeport en cavale
Pour nous, c’est simple, on va bosser encore plus !
Notre blog est spécialisé sur le Sri Lanka, et nous y habitons. Nous allons donc continuer de parler de ce beau pays.
Le blog n’est pas notre seule activité. Nous vivons du tourisme, il est donc important pour nous de travailler encore plus dur qu’avant cette crise du coronavirus.
Tout d’abord, en tant que blogueurs voyages, nous allons, dès la fin du couvre feu, voyager sur l’île.
Nous sommes en train de planifier une vingtaine de jours afin de découvrir de nouveaux lieux et de les mettre en avant sur le blog.
Nous prévoyons, par exemple, d’explorer davantage les montagnes, de découvrir de nouveaux safaris, et de nous rendre une nouvelle fois sur la côte Est.
Cette région est magnifique et préservée du tourisme de masse.
Enfin, nous souhaitons partir à la rencontre des locaux qui souhaitent développer le tourisme dans leur région.
Etant sur place, nous avons déjà été contactés par de nombreux établissements et organismes qui sont déjà en train de planifier l’après coronavirus.
Les Sri Lankais ont conscience de l’importance du tourisme et sont déjà en train de prendre des mesures.
Il y a fort à parier que la gratuité du visa sera reconduite et que de nombreux établissements vont mettre en place des offres très avantageuses.
N’oublions pas les agences qui, elles aussi, vont mettre la main à la pâte.
L’après coronavirus s’annonce très chargé de notre côté.
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Mila : « une période de réadaptation pour ne plus faire les mêmes erreurs ! »
Mila du blog Un Monde à Vélo
Dans cette crise, il se passe quelque chose de fort : le ralentissement. Nous avons aujourd’hui, pour une partie d’entre nous, le temps de sortir la tête du sable et de regarder autour de nous. Pour ma part, ce que j’observe, c’est que le nuage gris qui couronne toujours Turin au loin est désormais absent. Ce que j’entends, ce sont les animaux qui reprennent leur place. Les oiseaux chantent plus fort, les chevreuils s’approchent davantage tandis que le vombrissement des voitures s’est évanoui.
Il y a un drame humain terrible et je le déplore. Mais ce n’est qu’un avertissement de ce qui suivra si nous ne changeons pas. Alors, il y a peut-être une prise de conscience qui va en émaner. J’ai de l’espoir. Ce que nous faisons là, c’est ce que nous devions faire déjà depuis des années. Replacer le temps hors d’un timing, ralentir, endormir cette machine infernale du toujours plus, plus vite, plus fort.
Et le tourisme dans tout ça ? J’ai beau être blogueuse voyage, je lutte depuis longtemps contre le sur-tourisme. Il n’est d’ailleurs pas innocent dans la propagation du covid-19 ! Alors, même si j’imagine qu’il y aura des heures sombres et terribles pour de nombreux acteurs, j’espère que l’on se relèvera mieux. J’entends par là avec un tourisme plus local, plus lent, plus sain. Ça imposera d’évoluer dans nos façons de voir les choses. Ne plus chercher l’exceptionnel ou l’éblouissant dans un lieu, mais dans le voyage en lui-même. Peut-être en changeant de moyen de transport, en remettant la place de la rencontre au cœur de son voyage ou en partant plus proche de chez soi.
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Moran : « en Nouvelle-Zélande, les restrictions aux frontières sont mises en place jusqu’à la découverte d’un vaccin ! »
Moran du blog de voyage Rencontre le Monde
Depuis ma quarantaine dans une ferme en Nouvelle-Zélande, je n’avais pas trop envie d’essayer de prédire l’avenir du voyage et du tourisme après tout ça. Mais voilà, d’une part j’espère que les choses vont vraiment changer après cette crise et les annonces du gouvernement néo-zélandais m’ont fait changer d’avis.
En effet, le 30 mars, la première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, a annoncé que les restrictions aux frontières seraient en place … jusqu’à ce qu’un vaccin soit découvert. Cela signifie donc entre un an, si on est optimiste, 18 mois, en général, mais peut-être bien plus !
Alors oui, on doit revoir notre façon de vivre et de consommer, et donc de voyage, si on ne veut pas avoir cette épée de Damoclès au dessus de nous avec le changement climatique et toutes ses conséquences (bien supérieur au coronavirus).
Donc à court terme, le COVID-19 va entraver nos possibilités de voyage. Passer les frontières va devenir plus compliqué, prendre l’avion se fera avec moins d’entrain … Mais finalement, cette crise est peut-être salutaire pour nous emmener sur une nouvelle voie. Une voie où notre façon de consommer et donc de voyager sera plus responsable.
Le tourisme et le voyage vont en prendre un coup dans les mois (années ?) à venir, mais il faut lui souhaiter un rebond. Un rebond que j’espère en avant, et non sur place, donc vers des voyages plus proches, plus lents, plus responsables.
Mon souhait était de rentrer de Nouvelle-Zélande sans avion entre octobre 2020 et mai 2021, je ne sais pas si cela sera toujours possible. Ce que je sais en revanche, en voyant la galère dans laquelle se retrouve certains voyageurs, c’est qu’à partir de maintenant il faudra bien plus réfléchir à ses voyages. Car on saura qu’il est possible de se retrouver bloqué à l’autre bout du monde. Mais finalement, n’était-ce pas l’essence du voyage ? De ne pas être sûr de ce qu’il allait se passer ? Alors oui, revenons un peu en arrière sur nos façons de voyager pour … mieux avancer !
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Aala : « le COVID-19 remet en question le voyage »
Aala du blog Un Gaijin au Japon
2020 devait être l’année du Japon. 2020 c’était l’année où tous les projecteurs allaient se tourner sur Tokyo une fois l’été venu avec les JO de TOKYO 2020 !
On les attendait depuis 2013, avec impatience, parce que le spectacle s’annonçait majestueux !
Oui mais voilà, le COVID-19 a décidé de passer par là et a remis en question cet événement planétaire, le plus grand événement sportif au monde. Mais plus que cela, il remet aujourd’hui en question le voyage en soit.
Je pense que dans le monde du tourisme on va parler d’un avant et un après COVID-19, parce que je sens qu’un changement va s’opérer, au moins à court terme. Il sera difficile pour beaucoup de reprendre les voyages au rythme où on les réalisaient dernièrement.
J’ai comme le sentiment que tout va changer, pas pour tout le monde, mais pour une bonne partie des voyageurs.
On voyagera peut-être moyen mais mieux, différemment. Certaines destinations seront moins prisées, au moins dans un premier temps, et je pense notamment à la Chine, berceau de cette nouvelle pandémie. Mais je pense qu’avec le temps, on reviendra aussi à un état quasiment similaire à 2019 en terme de nombre de voyages.
Je l’ai constaté de mes propres yeux au pays du Soleil-Levant. En 2011, après le séisme, le tsunami du Tohoku et la catastrophe nucléaire de Fukushima, peu de gens voulaient aller au Japon. A cette époque il n’y avait que 9 millions de touristes étrangers par an sur place. Mais en 2019, soit huit ans après, le Japon comptait 32 millions de touristes étrangers.
Les gens oublient vite, passent à autre chose et les fortes campagnes de communications aident beaucoup en cela. Et je pense qu’une fois que la pandémie sera derrière nous, on sera inondé de campagne de communications venant de tous les pays, parce que pour beaucoup d’entre eux, le tourisme est vital pour leur économie.
Et on entendra parler des JO de TOKYO 2020 qui auront lieu en juillet 2021.
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Lucie : « la grande majorité de nos voyages, c’est de la consommation »
Lucie du blog L’occhio di Lucie
S’il y a un vœu que je fais, en cette période de confinement, ce n’est pas celui de pouvoir au plus vite reprendre l’activité frénétique qui nous pousse, tou.tes, à arpenter sans repos les sillons en tous genres de la planète.
Au contraire, ce que j’espère profondément, c’est que, par choix ou par contrainte, chacun se mette à ralentir. Par choix, ce serait mieux : confiné.es, chacun.e aurait appris de ces semaines en soi à réécrire la liste de ses besoins et à chasser le superflu. Par contrainte, parce qu’une des craintes largement partagée est que ce virus contraigne à limiter nos déplacements, à rendre nos frontières moins poreuses.
Je n’ai jamais cru que partir loin, vite et peu de temps soit un besoin. Une envie, oui. Comme celle que provoque une tablette de bon chocolat. On justifie nos envies en disant que le voyage est une école de la vie, en soulignant les rencontres avec les locaux, les expériences authentiques. Mais au fond, la grande majorité de nos voyages, c’est de la consommation, ou de la gourmandise, pour rester dans la comparaison. Ce qui n’est pas bien grave, sauf si on place de l’autre côté de la balance le coût écologique de ces fugaces plaisirs lointains.
Valent-ils vraiment le coût environnemental qu’ils représentent ? N’existe-t-il pas des alternatives écologiques à nos envies d’ailleurs ?
Alors j’espère vivement que ce temps enfermé nous donne envie de retrouver les paysages de nos pays, d’arpenter l’Europe en train, de vivre la beauté du monde graduellement, lentement, au lieu d’aller la chercher toujours plus loin, toujours plus vite. Et qu’on se souviendra des ciels purs des nuits de confinement, débarrassés des avions.
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Melissa : « le tourisme ne reprendra pas avant l’été prochain »
Melissa du blog Mel Loves Travels
C’est depuis mon appartement bruxellois que je vous écris. Bientôt 3 semaines que nous sommes confinés et malgré cette période difficile, j’espère que vous avez trouvé un certain rythme de croisière.
Pour une voyageuse, l’angoisse de ne pas même sortir fut assez difficile à gérer. Encore plus compliqué, imaginer « l’après ».
Voyagerons-nous comme avant une fois le Covid-19 passé ?
Selon moi, le tourisme ne reprendra pas avant l’été prochain. Tant qu’un vaccin ne sera généralisé, certaines frontières resteront fermées, au mieux beaucoup plus contrôlées. Etant donné que certains continents ont été touchés à des moment différents (les pays d’Afrique n’en sont qu’au début) et que la pandémie est gérée différemment, l’incertitude et la crainte va régner pendant un moment. Beaucoup tablent sur une explosion du voyage une fois le confinement levé. Selon moi, cela ne se passera pas parce que l’après ne sera pas « comme avant ». Nous ne pourrons plus voyager aussi librement, ou en toute insouciance. Nous composerons avec les impératifs des règles d’entrées de différents pays et qui seront certainement changées, l’impératif économique (car la crise économique va suivre la crise sanitaire) mais surtout, un impératif moral qui nous fera réfléchir sur notre propre comportement.
Privées de voler, nombre de compagnies aériennes feront sûrement faillite, réduisant le nombre de vol (et donc augmentant le prix des vols). Nous allons donc (re)-découvrir les destinations proches, voire très proches, pour le plus grand bien de la planète. Certaines destinations qui dépendent fortement du tourisme et en grande difficultés (je pense au Svalbard qui vit maintenant essentiellement du tourisme et qui a vu son économie complètement à l’arrêt), vont sans doute se réorienter, peut-être deviendrons-nous tous plus sages mais s’il y a une chose que j’ai malheureusement apprise, c’est que l’Humain ne retient pas grand-chose de l’histoire.
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Camille : « le retour à la normale va s’étaler dans le temps à l’échelle mondiale »
Camille du blog l’oiseau rose
Je suis partagé entre deux scénarios possibles. D’un côté je me dis que la crise du coronavirus va faire évoluer la société vers plus de modération et donc que les voyages ne seront pas forcément la priorité pour un très grand nombre de personnes. Mais d’un autre côté, la sortie du confinement va peut-être créer une sorte de « boum » du voyage, avec une masse d’individus n’ayant plus qu’une chose en tête : rattraper le temps « perdu » et voyager de manière compulsive.
Cependant, je pense que la réalité sera bien plus centrale que cela et que nous ne pourrons pas sortir de la crise du jour au lendemain. Durant les prochains mois, certains pays sortiront de la crise avec une baisse radicale du nombre de contaminés. Tandis que d’autres pays seront touchés sur de plus longues périodes.
Les frontières ne vont pas certainement toutes se rouvrir à une date « T ». À moins que le virus s’éteigne subitement, le retour à la « normale » va se faire progressivement et s’étaler sur la durée à l’échelle mondiale.
Très sincèrement, même si je travaille moi-même dans l’industrie du Tourisme en tant que blogueuse voyage, j’espère que cette crise remettra en question l’attitude de l’humanité face à sa précieuse planète. Se rendre compte que nous ne sommes pas immortels et être ainsi fortement impactés dans notre quotidien, pourrait être une formidable opportunité d’ouvrir les yeux et d’engager enfin des actions concrètes pour la préservation de l’environnement.
J’en ai d’ailleurs parlé dans un article personnel que j’ai publié sur le voyageur et le coronavirus. Quand je vois à quel point les gouvernements peuvent agir de façon si rapide et drastique pour lutter contre l’épidémie, je me dis qu’ils pourraient très bien en faire autant pour le climat ! Les mesures fermes et radicales (pourtant vitales aujourd’hui) tardent à venir… Mais c’est aujourd’hui aux yeux de tous, si rien n’est fait c’est bien par manque d’investissement et non par manque de possibilités ou de moyens.
Faut-il toujours attendre d’avoir le nez enfoncé dans le caca pour réagir ?! La crise du coronavirus devrait poser cette question à l’humanité tout entière.
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Caroline : « la Terre respire mieux depuis que la planète est à l’arrêt »
Caroline du blog Tongs et Sri Lanka
Tout d’abord, à l’échelle du Sri Lanka, je pense que cette crise sanitaire risque d’être compliquée pour le tourisme, et donc l’économie du pays. En effet, la majorité des voyageurs viennent d’Europe et avec la potentielle récession qui arrive, je crains que l’Asie ne soit plus une priorité pour des Européens qui seront à l’heure de dépenses réduites et peut-être des restrictions pendant quelques temps. Tout cela va faire mal au Sri Lanka, aux locaux sur place, qui comptent bien trop sur le tourisme. J’espère qu’ils sauront davantage se diversifier afin de ne plus être autant dépendants de cette économie, issue de l’extérieur. J’espère qu’ils sauront mettre en avant leurs nombreux talents et ressources pour créer de nouvelles choses et peut-être revenir à des bases aussi plus saines, plutôt que la course au tourisme.
Mon autre crainte, concernant le Sri Lanka, est potentiellement la psychose des locaux envers les voyageurs occidentaux. Avant la mise en place des mesures sanitaires, les voyageurs se faisaient appeler « Corona corona » dans la rue, et pas toujours de manière sympathique. J’espère donc que les Sri Lankais sauront accueillir les futurs voyageurs, qu’ils sauront se montrer sous leur meilleur jour, car ce sont eux qui font la personnalité de cette île incroyable et attachante.
Concernant mon métier de blogueuse voyage, beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. Je vois bien que la Terre respire mieux depuis que le monde est à l’arrêt. Je respire mieux aussi malgré les contraintes imposées. Donc cela a-t-il un sens d’inciter à voyager aussi loin ? Je dirai que oui, cela a du sens car c’est une richesse immense que de découvrir l’autre, d’autres cultures. Mais on peut voyager de manière plus responsable cependant. Par exemple, en compensant le bilan carbone de son avion (seul moyen d’accès au Sri Lanka), en voyageant moins, en se déplaçant plus lentement sur place, en consommant local et auprès des petits producteurs, en ne ramenant pas ses déchets d’Europe, etc.
Je ne pourrai pas renoncer au voyage ni à blogger sur ce sujet pour le moment, car ça fait foncièrement partie de mon identité, cela définit aussi qui je suis aujourd’hui, mais je pense qu’on peut le faire en faisant moins de mal au monde qui nous entoure, ça c’est certain. Alors pourquoi ne pas appliquer à nos futurs voyages ce qu’on apprend de cette période détox coincés chez soi ?
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Emmanuel : « le secteur du tourisme vit sa plus grande crise »
Emmanuel du blog bonjournewyork.fr
Personne ne l’avait vu venir… Pourtant aujourd’hui le COVID19 impacte le monde entier et particulièrement le secteur du tourisme. Personne ne sait encore quand l’épidémie prendra fin ni même quand nous pourrons à nouveau voyager.
L’après COVID19 sera très compliqué. Pour moi qui parle de New York principalement sur mon blog, les frontières avec les États-Unis risquent d’être fermées pendant plusieurs mois (par mesure de précaution). Il faudra donner envie aux gens de voyager à nouveau.
Je pense que dans un premier temps, ce seront les destinations européennes qui reprendront d’ici à la fin de l’été puis progressivement le monde rouvrira ses frontières.
Est-ce que des compagnies aériennes déposeront le bilan ? Oui sans doute…
Est-ce que nous voyagerons de la même façon ? Pas tout de suite, il faudra bien plusieurs mois pour que les gens « oublient » et rêvent à nouveau d’évasion lointaine (j’espère me tromper sur ce point !)
Le secteur du tourisme vit sa plus grande crise aujourd’hui et je pense à toutes les personnes qui vivent du voyage, les temps sont durs et ce n’est pas près de changer.
Hôteliers, voyagistes, compagnies aériennes, blogueurs, il faudra travailler main dans la main lors de la reprise pour que tout le secteur retrouve des couleurs.
Selon moi, les voyages ne reprendront pas avant la fin de l’été et il y aura même une période de « deuil » où les gens n’oseront plus voyager en dehors de leur pays. Il risque très fortement d’y avoir un boom des voyages en France. Les Français prendront le temps de découvrir leur pays avant de repartir pour de nouveaux horizons et de nouvelles destinations.
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Pierre & Alexandra : « le tourisme est un revenu-clé dans l’économie mondiale »
Pierre & Alexandra du blog On holidays again
Nous sommes partagés sur le tourisme après le Covid-19. D’un côté, si on regarde les grands événements de l’Histoire, telles les 2 Grandes Guerres, la réaction post-austérité a été de « tout lâcher » et profiter de la vie.
Toutefois, avoir dû mettre sur pause une large part de l’activité humaine durant plusieurs semaines, a permis de constater l’ampleur de la pression que nous exerçons sur la Terre. Et on ne peut pas rester indifférent devant ce constat. Cependant, les voyages ont prouvé leurs bienfaits sur la chimie du cerveau et sur la santé en général, tout en étant une excellente échappatoire à notre quotidien. De plus, ce besoin d’évasion s’accroît autant que le stress qui pèse sur nos épaules. Une fois le Covid-19 derrière nous, pouvons-nous objectivement nous dire que les gens vont ralentir cette frénésie du voyage ?
Même s’il est souvent pointé du doigt, n’oublions pas que le tourisme est un revenu-clé dans l’économie mondiale. Au-delà des compagnies aériennes, hôtels, etc., il y a dans les destinations tous les petits commerçants qui vivent grâce au tourisme. Voyager c’est donc nourrir son âme et nourrir l’estomac de nombre de petits acteurs qui en dépendent.
De notre côté, on espère sincèrement que cette période va permettre d’enfin prendre de réelles mesures sur le tourisme. Ne pas arrêter de voyager ou de prendre l’avion, mais de retrouver un équilibre. Visiter un endroit parce qu’il nous fait vibrer ; prendre le temps d’expérimenter son voyage et non pas aller à toute vitesse pour voir le maximum de choses (à cocher). Se nourrir des paysages et des gens. Arrêter la boulimie du voyage essentiellement vu depuis une perche à selfie.
Idéalement, on espère que des contingents soient mis en place pour certaines destinations. Comment ? Bonne question, mais des villes comme Venise ou Amsterdam, ainsi que beaucoup de parcs nationaux, ne doivent plus être submergées de touristes. Le gros challenge du futur va être de trouver un équilibre plus sain. L’équilibre entre l’activité économique des lieux visités et une pression écologique raisonnée sur les endroits iconiques de notre belle planète.
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Si vous voulez aller un peu plus loin, Adeline et Amélie ont écrit de beaux articles sur le sujet : Coronavirus, le voyage d'après Voyage en confinement : réflexion sur l'avenir
Et vous, comment envisagez-vous la suite ?
Très intéressant, je pense que le tourisme va forcément changer malheureusement aussi parce qu’il est l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, et il le sera par la crise économique qui va suivre . en espérant que cela rentre dans l’ordre
Merci pour ce tour d’horizon. Après le confinement, nous pensons essentiellement profiter de notre campervan pour voyager tranquillement en famille, en pleine nature, sans aller dans des campings. Comme nous vivons en Angleterre ce sera donc l’espace que nous explorerons, si cela est possible… Par contre, concernant l’activité du blog et les quelques revenus qu’il m’apportait, il va falloir repenser tout cela ! Dans tous les cas, je continuerai d’écrire, pour le plaisir et le partage.
Je ne connais que très peu l’Angleterre mais il parait que la campagne y est magnifique, bien qu’un peu humide 😉
Merci pour ce recueil d’opinions. J’avoue que ça me laisse perplexe et pas vraiment optimiste. Dans mon esprit, les vrais besoins essentiels pour vivre sont d’avoir de quoi se nourrir, un abri et des contacts sociaux riches. Voyager n’est clairement pas un besoin vital, et aux vues de la crise politique qui se profile en Europe (si l’UE survit après tout ça ça serait un miracle), une crise alimentaire (parce que tous les pays du monde dépendent les uns des autres pour se nourrir et même en France les récoltes ne pourront pas se faire normalement), une crise économique pire que celle de 1929, avec tout plein de gens qui se retouveront à ne pas pouvoir payer leur logement, une crise sanitaire…
Pourquoi ne pas plutôt appliquer notre esprit d’observation, notre capacité d’émerveillement et notre envie de changement que nous ont offert nos voyages et les mettre au service d’un nouveau modèle de société? S’engager pour developper l’autonomie alimentaire et la résilience du territoire où l’on vit. Changer de vie peut être un voyage, une aventure excitante pleine de défis et de rencontres.
Pour une planète en bonne santé, le bilan carbone de chaque être humain devrait se limiter à 2t de CO2 par an, difficilement conciliable avec des voyages à l’autre bout du monde…
Je te rejoins Noémie, voyager n’est pas un besoin vital et il n’est accessible qu’à certains privilégiés dont je fais partie parfois … Nous devons repenser totalement notre rapport au lointain, au voyage, au dépaysement et c’est l’un des plus grands défis de cette crise je crois, ne pas retomber dans nos dérives. Vaste sujet.
Je vois un beau gros chaos. Certains voudront partir coûte que coûte, d’autres tireront la leçon de la situation et se montreront patients et raisonnables. Je vois beaucoup de réactions différentes à la situation. Et des inégalités en fonction des pays et du statut socio-économique des voyageurs. Enfin, je vois un été 2020 compliqué, où il va falloir se montrer patient et créatif, avec beaucoup de voyages annulés ou reportés et des plans B à trouver.
cet été sera celui de l’ultra-proximité ! Qui aura envie d’aller loin alors que de nouvelles vagues peuvent encore survenir …
On doit se poser la question, c’est vital pour la planète. Le secteur du tourisme va avoir du mal à s’en relever évidemment, et plus encore les petits commerces locaux qui ont évidement besoin du tourisme. Mais est-ce que les gouvernements de ces pays n’ont pas mal fait de tout miser sur le tourisme, cela n’est-il pas « facile » ? Ces gouvernements n’auraient-ils pas mieux fait de se soucier d’abord de ses citoyens en produisant des emplois à long terme, sur divers secteurs que de mettre tous ces œufs dans le même panier ? Quelque part, un gouvernement qui mise tout sur le tourisme n’a pas à s’occuper de rendre meilleur son système de santé, de s’occuper de l’éducation, de créer des emplois …
Pour ma part, fin mars, je devais aller en Slovénie. Ce voyage se fera, je ne sais pas quand, quand tout sera revenu à la normale évidemment, j’ai eu un bon contact avec mon hôte au début des fermetures de frontières et de confinement, elle serait ravie de nous accueillir, on le fera hors-saison comme très souvent.
J’ai pris la décision, bien que je ne sois pas une grosse consommatrice de voyages longue distance, je ne suis jamais sortie de l’Europe et je ne prends pas l’avion plus d’une fois par an, de faire tous mes déplacements en Europe de l’ouest en train. Bien sûr, rien n’est fait pour encourager le train, l’année dernière, je suis allée à Berlin, je voulais y aller en train, et bien je n’ai pas pu, il fallait prendre 3 trains, payer 4 fois le prix du billet d’avion et perdre une journée de transport.
Alors oui, il vaut mieux voyager plus longtemps, pour le bilan écologique, rentabiliser son billet, profiter du pays, mais comment faire quand on ne peut pas prendre plus d’une semaine hors été ? Nous sommes tributaires des employeurs. Mes grandes vacances ne peuvent se prendre qu’en juillet en général, quand il y a une flopée de gens, ce que je déteste. J’alterne, je pars en France aussi. Et d’ailleurs, cet été, si on me laisse poser des congés vu la situation, je partirai sûrement en France car avec le Covid on ne peut rien prévoir, la France reste facile pour se décider à la dernière minute.
Merci Olivia d’avoir réuni ces témoignages. Cette question de l’après covid dans le tourisme a au moins le mérite de remettre les choses en perspectives et d’amener une réflexion sur notre manière de consommer le voyage ( et le reste !) Pour moi qui vit depuis des années ans un lieu un peu hors du temps, c’est intéressant de lire ces questionnements.
je sais que ce sont des questions et des sujets qui te sont proches Patricia. Et profite bien de ton coin de paradis 🙂
Que de belles réflexions!
Pourtant, l’un des aspects du métier de blogueur voyage n’est-il pas de décrocher le fameux blog trip ou voyage presse qui les enverra à l’autre bout de la terre( même pour une semaine), à la découverte d’une ville européenne ou une région française le tout à un rythme effréné évidement (il faut bien rentabiliser l’investissement) ?
Je ne vois pas là-dedans où se trouve le « slow travel », le retour à l’essentiel dont plusieurs se font écho?
S’interrogent-ils vraiment sur le voyage responsable où surfent-ils simplement sur la vague? Mettront-ils vraiment ces préoccupations au centre de leur réflexion lorsqu’ils recevront des offres de partenariats des acteurs des tourisme pour la promotion d’une région ou d’un pays?
L’avenir le dira.
Je partage la réflexion de Sarah dans les commentaires à propos des changements d’habitudes des voyageurs qui seront plutôt basés sur la peur que sur une prise de conscience à grande échelle.
Comme le disent Aala et Mélissa, les gens oublient vite et l’Humain ne retient pas grand-chose de l’histoire.
Bonjour Valeria,
Je me permets de répondre à votre phrase :
« Pourtant, l’un des aspects du métier de blogueur voyage n’est-il pas de décrocher le fameux blog trip ou voyage presse qui les enverra à l’autre bout de la terre( même pour une semaine), à la découverte d’une ville européenne ou une région française le tout à un rythme effréné évidement (il faut bien rentabiliser l’investissement) ? »
NON ! Enfin si pour certains qui ne pensent qu’à multiplier les destinations et contenus. & Non pour d’autres.
Je suis photographe et en parallèle, j’ai mon blog voyage, j’ai pourtant déjà refusé des voyages (pourtant superbes) à Glasgow, Italie, Thaïlande parce que la durée était trop courte, ou le groupe trop grand .. J’aurai pu me poser la question « oui mais si je refuse peut-être que l’agence ne m’invitera plus » .. Ce fut le cas par ailleurs hhaha, mais je ne voulais pas aller à l’encontre de mon sentiment par rapport à ça .. Alors je ne suis pas parfaite, attention je ne veux pas pointer du doigt qui que ce soit, mais plus une bulle dans laquelle les blogueurs s’enferment et se font enfermés. Certains acceptent tout parce qu’ils ont peur de plus avoir de proposition ensuite. En parallèle des agences ne comprennent pas quand on leur dit qu’on préfèrerait être en autonomie, ou avoir un itinéraire qui nous ressemble. Le problème est dans les deux sens, mais pardon je m’éloigne un peu 🙂
En ce qui me concerne, j’ai hâte de voir combien de blogueurs OUI clairement surfent sur cette vague du local mais qui dès que cela sera possible repartiront à l’autre bout de la Terre 3 fois par mois. Beaucoup d’entre eux ont forgé leur réputation sur ce côté « voyage de rêve à l’autre bout du monde » je pense qu’ils auront trop peur de perdre leur lectorat en ne proposant que de la « France ». Je pense aussi, pourtant, qu’en parallèle il y aura un vrai tournant dans la blogosphère voyage. Le futur le dira, la ré-ouverture des frontières aussi, d’eux mêmes, de nous-mêmes, car je m’inclus dedans, nous pourrons voir qui souhaitent réellement faire bouger l’industrie du tourisme. Quels messages aujourd’hui nous voulons véhiculer autour du voyage ?
ah non mais JAMAIS je ne pourrais renoncer à un voyage en Italie 🙂
A nous tous de faire en sorte que notre rapport au tourisme change et que le voyage ne soit pas uniquement consommation …
J’ai échangé cette semaine avec une pro du tourisme qui me disait que partir en bas de chez soi était du bullshit, que ce n’était vraiment pas du voyage et que l’on apprenait rien si l’on ne partait pas loin … alors c’est pas gagné pour tout le monde !
Intéressant de voir à quel point la plupart de ces personnes mentent ! Ces blogueurs vivent des voyages et des affiliations qu’ils ont. Et loin d’être des affiliations avec des agences responsables alors prôner pour voyager de façon responsable après cette crise est un beau mensonge !
Evidemment que tous vont travailler d’arrache pied pour vendre des voyages à l’autre bout du monde puisque c’est leur gagne pain.
Un peu d’honnêteté de la part de certain aurait été appréciable.
Le faite ce que je dis mais pas ce que je fais prends tout son sens
on peut aussi gagner sa vie en proposant des voyages en France … le tourisme lointain n’est pas le seul qui permet aux blogueurs voyage de gagner leur vie !
Très intéressant, je pense que le tourisme va forcément changer aussi parce qu’il est l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, et il le sera par la crise économique qui va suivre et qui depassera probablement tout ce qu’on a connu (10 millions de personnes inscrites au chomage en 15 jours aux USA…).
On a pu voir la question des paquebots de croisière poser plusieurs problèmes lors de cette crise: nids à infections ils ont vite été perçus comme des dangers par les autorités de différents pays, peut-être que certains pays fermeront définitivement leurs portes à ces navires, peut-être que les gens auront davantage peur de partir en voyage de cette manière .
je détestais déjà les croisières alors là, je suis définitivement vaccinée !
J’aimerais vraiment beaucoup que cette crise nous fasse réfléchir sur notre façon de voyager, et si les réponses des bloggueurs vont dans ce sens je pense que c’est aussi parce que avant ils avaient déjà cette réflexion du voyage responsable. Or, quand on parle à des personnes lambdas, j’ai bien peur que le raisonnement soit tout l’inverse.
Si les gens réduisent leurs voyages, ce que j’espère, je pense plus que ce sera par crainte de tomber malade à l’étranger ou de voir leurs vols annulés que pour des raisons purement écologique.
Ca fait 15 jours qu’on est confiné, pas 15 mois (!!!) et je constate que beaucoup se plaignent déjà de ne pouvoir sortir et sont déjà en train de prévoir leurs voyages pour cet été ou cet automne. Donc a mon avis il faudrait vraiment que la crise perdure plus longtemps pour faire changer de manière durable les comportements des gens.
Si on se penche un peu sur les blogs de certain il est claire qu’il n’y a aucune réflexion du voyage responsable.
Portrait bien lisse pour l’interview et c’est dommage.
Pourquoi les gens ne peuvent pas être honnête ? C’est leur travail de voyager il faut assumer.
Le monde n’est pas prêt de changer en voici la preuve
tous les blogueurs ici représentés ne vivent pas de leur blog … Attention à ne pas tout mélanger
Tu as raison Sarah, la plupart des blogueurs qui ont accepté de participer à cet article ont déjà entamé une réflexion au sujet du tourisme … ce qui n’est pas le cas de la majorité des voyageurs/vacanciers
Article ultra complet et très intéressant ! Merci à tous pour ces réflexions pertinentes sur l’avenir du tourisme…
Des avis très réalistes sur la suite de cette pandémie. Peut-être voyager moins loin et plus souvent ? Et surtout ne pas se laisser attirer par le tourisme de masse qui pollue les plus beaux sites du monde.
Merci Olivia pour cet article. Les blogueurs et blogueuses de voyage semblent assez unanimes : lenteur, sobriété et réenchanter le voyage local. J’espère que cette réflexion pourra s’appliquer à nos propres modes de consommation (je m’inclus dedans). Car c’est un beau discours, mais si nos blogs continuent à vanter des itinéraires au bout du monde, des deux semaines sur un autre continent, ce ne seront que des beaux discours.
Excellent article. J au apprécié découvrir les différents témoignages. Et je souhaite vraiment que nous tirions une leçon du Covid pour le bien de la planète certes mais surtout de l humanité.