impact des influenceurs sur le tourisme

L’impact des blogueurs voyage sur le tourisme … #debatdumardi

Comment concilier son blog voyage et la crise environnementale et sociale à laquelle nous assistons tous ?

C’est le retour du #debatdumardi avec la question qui fâche !! Cela faisait un moment que je n’avais pas balancé mon poil à gratter par ici mais là ça me démangeait un peu trop …

Tourisme et environnement : le combo impossible ?

Cela fait plusieurs mois maintenant que je m’interroge sur le tourisme de façon général. Comment il se développe, à quoi il sert économiquement, socialement, culturellement … et comme j’ai parallèlement à ça une profonde réflexion sur l’environnement, force est de constater que mes interrogations sur ces deux sujets s’entrechoquent violemment depuis quelques semaines.

Je ne vous apprends rien, le tourisme de masse fait des ravages. Nul besoin d’être Nostradamus pour envisager les méfaits de celui-ci et il suffit de se rendre à Venise, pour peu qu’on y aille avec les yeux grands ouverts, pour se rendre compte que quelque chose cloche.

Dans mon billet sur la cité lacustre, je vous disais comme j’avais été à la fois touchée par Venise et déçue aussi de n’y avoir pas croisé – ou peu – de vénitiens habitant encore la ville en permanence. J’avais vraiment touché du doigt que la ville ne devenait qu’un musée à ciel ouvert. Rien de nouveau sous le ciel italien certes mais le phénomène s’amplifie.

La presse ne m’a pas fait mentir, de nombreux articles étant sortis récemment pour alarmer sur ces villes qui souffrent du tourisme de masse et qui tentent pour certaines d’entre elles, de contrer le fléau que représente l’afflux massif de visiteurs. Venise bien sûr mais aussi Barcelone, Amsterdam … Je vous joins en fin de billet certains articles de presse qui sont révélateurs de la situation invivable de ces villes hyper touristiques.

campanile Venise

Le problème n’est pas que social – augmentation des prix des loyers, difficultés de vivre dans des cités en surpopulation constante – mais également environnemental. L’impact du tourisme ne touche plus uniquement les conditions de vie des habitants mais bien la survie des zones elles-mêmes – consommation en abondance d’eau douce, érosion des sols, gestion des déchets, menace des biodiversités … c’est la cata !

Et quand on voit le projet touristique de la France qui veut atteindre 100 millions de touristes étrangers, qui vont forcément se rendre dans les zones les plus touristiques de notre pays – Paris, Côte d’Azur, Bordelais, Alpes … – je me pose des questions sur l’état psychologique de nos hommes politiques. Sont-ils complètement déconnectés de la réalité ?
Lapalissade bien sûr. Cela fait un moment que je ne me fais plus aucune illusion sur leur vision – à court terme, très courte même – de leur action politique.

Manifeste des #ET14

La semaine dernière, ce sont tenues les rencontres d’e-tourisme de Pau, les #ET14. Je n’ai pu m’y rendre mais j’ai tout suivi ou presque puisque l’ensemble des interventions est accessible en vidéos.

La fin du salon s’est terminée sur le Manifeste des #ET14.
L’idée est de proposer une ligne directrice aux professionnels du tourisme, travaillée collectivement le temps du salon, pour guider les acteurs du secteur dans leurs actions et réflexions tout au long de l’année.
Le thème de l’édition 2018 ? « Le temps court contre nous ! »

Passionnante intervention où les intervenants ont discuté théorie de l’effondrement, tourisme de masse, environnement, écologie, économie aussi …

Je retiens cette idée phare :

Si l’on ne fait rien, on va finir par détruire notre outil de travail

Mais comment équilibrer le besoin de promotion d’une destination, le développement économique d’un territoire et l’impact des touristes sur celui-ci ?

Le salon a tenté d’apporter des réponses et les destinations, notamment en France, réfléchissent sérieusement à la question. Je viens de voir passer un article ce matin sur le tourisme nocturne, on parle de plus en plus de micro-aventures – le sujet a été traité aux #ET18, le tourisme d’arrière-saison est encouragé, le tourisme vert, le slow-tourisme …

Je crois fortement qu’il est possible de valoriser une destination tout en la protégeant du poids des visiteurs. De toute façon, les destinations n’ont pas le choix. Non seulement, celles qui ne travailleraient pas en ce sens se couperont d’une partie de la population consciente des risques et soucieuse d’améliorer les conséquences de leurs déplacements – il n’y à qu’à voir le nombre de personnes dans les rues à l’occasion de la #marchepourleclimat – mais elles mettront aussi en danger leur propre outil de travail, comme souligné aux #ET18.

Marche pour le climat et réalités quotidiennes

Soyons bien d’accord, je suis consciente que bon nombre de personnes présentes dans les rues samedi finalement ne changeront pas tant que ça leurs habitudes quotidiennes qu’elles emmènent en voyage avec elles … entre la rue et la maison, il y a souvent un gouffre. Encore plus entre sa maison et celle en terre étrangère à l’occasion de ses vacances.

J’ai bien conscience également que le changement principal doit venir de plus haut et ce discours qui vise à culpabiliser les petits pollueurs que nous sommes me hérissent au plus haut point. Quel est notre impact par rapport aux industriels producteurs et déverseurs de déchets ?
On peut se dire qu’en effet notre responsabilité est minime mais lorsque nous partons en croisière, l’est-elle réellement ? Ou lorsque nous cumulons les miles pour nos déplacements personnels, sommes-nous moins responsables que les grosses entreprises ?

J’ai toujours cru dans la politique des petits pas – même si aujourd’hui elle ne suffit plus – à notre niveau, nous avons notre part à jouer dans le climat. Au quotidien et durant nos voyages.
Je suis pourtant persuadée qu’il est déjà trop tard et que la théorie de l’effondrement n’est plus qu’une théorie mais jamais je ne m’accommoderai du très commode « foutu pour foutu ». Cet argument est bien trop facile.

Et notre impact en tant que blogueurs dans tout ça ?

Alors entendons-nous bien, j’ai parfaitement conscience que les foules ne se déplacent pas en masse dans une destination après avoir lu l’un de mes billets, mais n’empêche que je m’interroge sur les conseils que je donne. Et ceux donnés par mes copains.copines blogueurs.ses voyage. Que nous soyons nano, micro ou gros influenceurs, nous avons tous, j’en suis persuadée, une responsabilité dans ce que nous publions.

Qu’en est-il de notre sérieux lorsqu’après avoir été à Barcelone, nous conseillons de se rendre dans la ville parce que vraiment « elle est trop géniale !! » ?  Ce qui est vrai de surcroit.

Non seulement je m’interroge sur notre impact propre – les avions, les déplacements, les trains, les croisières parfois pour à peine quelques jours sur place … mais aussi sur cette activité de conseil, d’inspiration que nous avons.

Peut-on accepter de promouvoir les croisiéristes, peut-on encore accepter un déplacement à l’autre bout du monde pour 3 jours sur place, peut-on tout simplement continuer à prendre 10 avions dans l’année, qu’il s’agisse de voyages pros ou perso ?

Et peut-on continuer sans sourciller à conseiller à nos communautés de se rendre dans des endroits touristiques ?

Quid de notre responsabilité lorsque nous postons des images de Santorin en plein été, qui font forcément envie tant l’endroit est incroyable ?

Je m’englobe volontiers dans ce « nous ». J’ai, sur le blog, des articles sur Barcelone, Venise, l’Ecosse, la Sardaigne …
J’aimerais vous dire « ne vous inquiétez pas, je vais renoncer à toutes tentations de voyage dès lors qu’elles ne seront pas écologiquement raisonnables » mais ce serait vous mentir et me mentir.

Je suis dans une véritable réflexion sur mon impact d’individu sur l’environnement et ses déréglements éco, sociaux …mais aussi sur mes voyages. Je vous l’avoue, je suis très inquiète, non pas pour moi, mais pour mon fils. Que sera son avenir dans 30 ans, lorsque les dominos auront commencer à tomber les uns après les autres ?

Je reste la voyageuse des sentiers battus mais je tends à privilégier les petites destinations moins touristiques, les déplacements hors saison, le train et le ferry plutôt que l’avion et à mettre en avant, lors de mes voyages, des parcours qui font sens comme je veux le faire sur Itinér’aires. Si mes voyages peuvent se coupler avec le sentiment de faire avancer, à ma façon et en toute humilité, la situation économique, sociale et environnementale, j’en serai la plus heureuse.
Je pense aussi aux missions écologiques comme le ramassage du plastique en mer, couplé à l’apprentissage de la navigation…
Sur le blog à venir, plusieurs billets tourneront autour de ces questions avec notamment un billet collaboratif sur le tourisme durable/solidaire et un second avec la participation de plusieurs acteurs du secteur. La réflexion continue.

Est-ce une une sorte de compensation mon empreinte carbone ou de racheter ma culpabilité ? un peu des deux sans doute.

Et je ne me fais aucune illusion, le cœur a ses raisons que la raison ignore et je faillirai plus d’une fois. J’ai bien accepté de partir il y a 15 jours à Dubaï et Abu Dhabi alors que je m’étais jurée que je n’irai jamais !! (finalement, ce voyage n’aura pas eu lieu me laissant à la fois soulagée et très déçue).

Bref, la question est délicate et je suis très curieuse de vos retours sur la question.

  • Blogueurs.ses, commencez-vous à réfléchir à votre impact écologique et social ?
  • Voyageurs.ses occasionnels.les ou non, réfléchissez-vous aussi à votre façon de voyager et d’accueillir les conseils des « influenceurs ? »
  • Professionnels du tourisme, prenez-vous conscience de ces dangers climatiques et sociaux ?

Voilà le #debatdumardi est maintenant entre vos mains. Les commentaires sont ouverts pour vos remarques, observations, arguments … tant que vous n’oubliez pas les 2 maitres mots du #debatdumardi : bienveillance et courtoisie 🙂

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Pour aller plus loin dans la réflexion :

* Tourisme de masse : 6 lieux viennent de légiférer
* Thaïlande : la baie du film La plage dégradée par le tourisme de masse
* Tourisme de masse, quelles solutions ?
* Le tourisme fait s’envoler le réchauffement planétaire
* La croisière pollue

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Si tu veux m’épingler …

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