le grand marin poche

Le grand marin – Catherine Poulain

Le grand marin de Catherine Poulain ou l’appel du grand large !

De passage dans la très belle librairie Le Bleuet à Banon dans les Alpes de Haute Provence, je flânais dans les rayons avec en tête « surtout n’achète pas de bouquins, tu en as déjà 150 à lire qui t’attendent sur ta table de chevet dont le tome 2 d’Outlander, 900 pages bordayyyyyyyyyyl  »

Bon, j’ai craqué. Évidemment. Qui sait sortir d’une librairie magnifique sans un livre à la main ? Pas moi manifestement.

Raisonnable j’ai été, c’est sur un livre de poche que j’ai jeté mon dévolu mais avec un titre pareil, je ne pouvais que céder.
Vous le savez maintenant – on se connait plutôt pas mal toi et moi – quand je vois certains mots : mer, marin, bateau, pêche … je craque. D’autant plus que les critiques vantaient le roman comme un appel au voyage, au départ …

Ça et les 8 prix littéraires remportés par l’auteur, il ne m’en fallait pas plus …

legrandmarinroman

Le grand marin – l’histoire

Une femme rêvait de partir.
De prendre le large.
Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures…
C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang. Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade.
Traîne dans les bars.
En attendant de rembarquer.
C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.

le grand marin poche

Le grand marin – Mon avis

Je me suis très vite plongée dedans et je l’ai avalé en quelques jours à peine mais pour autant, je ne suis pas aussi dithyrambique que les critiques.

Je vous explique pourquoi.

Il y a l’écriture déjà. Que j’aime beaucoup. Incisive, précise, rapide, elle ne se perd pas dans les détails et j’aime ça moi quand ça va droit au but.
Toutefois, certains enchainements lors des dialogues – qui sont nombreux – ne sont pas simples à suivre du fait de cette économie de mots et je me suis surprise parfois à ne plus savoir qui prenait la parole.

L’histoire est un peu folle quand on y pense, une femme qui tourne le dos à sa vie – et l’on comprends vite qu’elle fuit un fardeau lourd à porter – pour découvrir l’Alaska et la vie des pêcheurs, qu’elle ne fait pas seulement qu’observer mais qu’elle adopte littéralement.

Une vie de pêche, de froid, de brutalité qui la porte et l’englobe toute entière.

J’ai trouvé le roman profondément triste en fait. La vie des pêcheurs est tout sauf douce : le travail, la violence, le sang mais aussi l’ennui et l’alcool.

C’est en ça que le roman m’a laissé un goût amer. On assiste impuissant au défilé de toutes ces vies faites de tellement peu et de tant d’alcool et de désœuvrement … Même dans les bouquins, j’ai du mal à supporter la violence que l’on s’inflige à soi-même …

Et c’est le reproche que je fais au roman, les moments à terre passés par les pêcheurs privés de ce qui les maintient en vie sont finalement très longs … j’espérais vivre plusieurs campagnes de pêche, être bousculée au rythme des vagues, avoir mal au cœur dans les déferlantes, sentir mes mains gelées par les eaux froides et si ces expériences là sont présentes dans le roman, elles ne le sont que trop peu à mon goût.

Bref, on passe plus de temps dans les terrains vagues et les bars qu’à bord des chalutiers. Quelques longueurs. D’où ma déception.

Ne vous y trompez pas, j’ai aimé ce roman !

L’histoire de Lili est touchante et celle de ces forçats de la mer aussi … malgré toute la dureté de leur quotidien, il est empreint de camaraderie et de solidarité.
Et ce qui m’a frappé également est – rappelez-vous qu’il s’agit de l’histoire d’une femme seule au milieu d’hommes très bourrus, dans une proximité parfois très intime –  la presque absence de violence sexuelle dans sa situation particulière.

Disons que le désir sexuel est là et le roman est d’ailleurs par bien des aspects très sensuel – le corps et les sensations du corps sont partout présents – mais les relations entre les hommes et femmes dans le roman sont étonnamment assez peu violentes.

Ce qui m’interroge à l’heure des #meetoo et #balancetonporc forcément …

Bien entendu, je ne vous parle pas du grand marin, je vous le laisse le découvrir seules.s 😉

Et je sais que certains.nes d’entre vous ont lu ce roman aux prix prestigieux, j’aimerais bien avoir vos retours !!

On en discute ?

Enregistrer

10 Réponses